vendredi 24 février 2006

Essaye-moi


Essaye-moi, ou le premier film semi-réussi de Pierre François Martin-Laval.

L’histoire est celle d’Yves-Marie, 9 ans, qui demande à Jacqueline, qui a son âge : "Epouse-moi". Elle répond par une pirouette : "Le jour où tu vas dans les étoiles, je te donne ma main."

24 ans plus tard, quand Yves-Marie, devenu cosmonaute, vient sonner à la porte de Jacqueline, celle-ci s'apprête à épouser Vincent et a tout oublié de sa promesse. Alors Yves-Marie a une idée : "Essaye-moi une journée avant de dire non !".

Tout partait d’un bon esprit : une comédie gentille, une histoire romantique comme on ose plus en faire, des comédiens qui sont plus là pour s’amuser que pour gagner du pognon… Seulement voilà, à trop vouloir faire du « tout le monde il est bau, tout il est gentil et tout se terminera bien pour tout le monde », Pierre François Martin-Laval (alias Pef pour plus de facilité) sombre dans la guimauve, dans l’humour bas de gamme et dans le sentimentalisme exacerbé.

Premier gros souci : Pef se mettant lui-même en scène. Il faut dire que son comparse Robin des bois alias Maurice Barthélemy y était parvenu avec Casablanca Driver. Mais Pef aurait surtout du retenir la leçon de Papa, qui prouve qu’un réalisateur n’est jamais aussi bien que derrière la caméra. D’autant qu’entre l’humour cinglé de Barthélemy et celui plus gamin de Pef, on préfère encore celui de Barthélemy. Aussi, rien d’étonnant à pousser un soupir à la suite de la quinzième répétition de gag influencé Tex Avery (Pef tombe dans les escaliers, traverse la porte et laisse son empreinte dans la porte) qui, de prime abord drôle se voit devenir lourd à force. Et puis avec le reste du casting, rien à faire, ça cloche. C’est peut-être fait exprès, mais ça n’a pas l’effet escompté.

Parce que oui, le casting est des plus intéressants dans cette histoire se voulant un peu trop magique : Pierre Richard en père farfelu et aimant, Isabelle Nanty en mère un peu coincée, Julie Depardieu en Jacqueline navrée de sa journée passée avec Yves-Marie, Kad en fiancé jaloux, Marina Foïs en mère célibataire plus « normale » que d’habitude… Bref que du beau monde. Et amusants en plus de ça, surtout Pierre Richard qui, avec l’âge, cabotine moins (et c’est tant mieux).

Et puis cette histoire d’amour au-départ-impossible-mais-qui-au-fil-du-temps-va-devenir-comme-dans-tout-bon-conte-de-fée-qui-se-respecte-une-vraie-romance, teintée certes d’un peu de magie due à l’esprit enfantin qui habite Pef et qui se ressent sur son film. Au début c’est mignon, à la fin c’est trop, désolé. On a envie d’applaudir cette belle histoire, surtout quand Pef en parle : « J'ai fait un film sans gros mot, sans meurtre, sans histoire misérable et aucun personnage n'est un salaud. C'est aussi un film qui dit : "Quand on veut, on peut." Je crois que c'est un film qui donne envie d'oser. Il faut oser dans la vie, sinon on n'arrive à rien. Donc, si tu es sincère, il faut se lancer, il faut essayer. Oser, ça donne des ailes. » Hélas, nous, on ne décolle pas.

Dommage donc, car il y avait matière à très bon film. En dépit, Pef dirige convenablement ses comédiens et a osé tenter quelque chose de neuf. Peut-être que la prochaine fois sera la bonne, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Note : **

0 Comments: