jeudi 9 février 2006

Intervista


Ou quand le Maestro salue sa propre œuvre et rend hommage à Cinecittà, cela donne Intervista.

Resituons le contexte : nous sommes en 1987, Federico Fellini n’a plus rien à prouver ou même à raconter : après 3 Oscars de Meilleur film étranger (La strada, 8 ½ et Amarcord) et avoir parler de son passé d’adolescent (Amarcord, I Vitelloni), de journaliste (La Dolce Vita) et de ses problèmes de création (8 ½), après avoir revisité l’œuvre de Pétrone (Satyricon) et le mythe de Casanova et avoir rendu hommage à son ami Nino Rota (Et vogue le navire), il faut dire que le Maestro se trouvait à court d’idée. Alors misons sur le réchauffé et rendons hommage au cinéma de ses débuts, de ses premières expériences à Cinecittà.

Chose surprenante, Fellini se met lui-même en scène dans son propre rôle, en train de réaliser une adaptation de L’Amérique de Kafka, auteur étrange et autobiographique s’il en est. Le voilà alors interviewé par une équipe de journalistes japonais, et de se lancer dans un discours sur ses débuts…

Nouvelle forme de récit, Fellini annonce directement que le film ne sera qu’un vaste souvenir de ses débuts, d’une réflexion sur ses propres films. Mélangeant les deux histoires (Fellini tournant L’Amérique et Fellini jeune découvrant Cinecittà) de sorte à troubler le spectateur, Intervista consiste surtout en un amusement d’artiste effectuant simplement quelques roues libres dans son univers.

Il y a pourtant une volonté de Fellini de ne pas laisser le spectateur à part, et particulièrement de remercier ses fans qui lui ont permis de tenir jusque là e offrant une très belle scène, peut-être celle qui vaut le détour à elle seule : Marcello Mastroianni et Anita Ekberg regardant ensemble, 27 ans plus tard, La Dolce Vita…

Pour offrir une touche de réalisme, et pour rendre à César ce qui est à César, Fellini décide d’employer comme acteurs rien de moins que ses propres techniciens dans leurs propres rôles. On ne s’en plaindra pas vraiment vu qu’ils sont, pour la plupart, très bons.

Intervista est aussi l’occasion pour Fellini de montrer sa méthode de travail : le choix de ses acteurs, sa confiance au chef op’, l’insertion de quelques souvenirs dans le scénario… Le film es donc une sorte de manuel étrange du parfait petit cinéaste selon Fellini. Et tant pis si le spectateur finit perdu au bout d’un moment, par exemple dans cette métaphore de l’équipe de cinéma attaquée par des Indiens ayant remplacer leurs lances par des antennes de télévisions…

Comme il est toujours délicat de juger un film de Fellini avec justesse, voici comment l’auteur présentait son film : « C'est un film dans lequel la camera est utilisée comme un crayon, un pinceau qui tracerait des hiéroglyphes. C'est une idée graphique, picturale, visuelle, le contraire du cinéma qui raconte une histoire. » Tout est dit.

Moralité : Prix du 40ème anniversaire du Festival de Cannes et Grand prix festival de Moscou 1987. Et une œuvre mythique de plus à accrocher à la filmographie de ce génie qui manque terriblement…

Note : ****

0 Comments: