samedi 6 mai 2006

Silent Hill


Une adaptation trop fidèle au jeu homonyme que ce Silent Hill.

Voilà près de dix ans que les adaptations de jeux vidéos sont à la mode. Pour faire un rapide historique, on a eu droit à Mario Bros (bof, même pour le casting composé de Bob Hoskins, John Leguizamo et Dennis Hopper), Double Dragon (beurk !), Street Fighter (ridicule), Mortal Kombat (le 1 était encore potable, le 2 n’est même pas à considérer comme film…), Wing Commander (pas vu tiens celui-là…), Resident Evil (no comment) ou encore Tomb Raider (le 1 ok, le 2 pas vu) et Doom, sans compter les futurs (mais néanmoins potentiels) Driver, Splinter Cell, Castlevania ou encore Dead or Alive…

Alors quoi de plus normal que de voir Silent Hill adapté ? Succès planétaire, esthétique crad’ comme les fans d’horreur aime, ambiance glauque, le jeu lui-même se rapprochait d’un film.

Pour plus de sécurité, on tape même Roger Avary au scénario. Faut dire que le ciné qui marche, ça le connaît lui, auteur oscarisé de Pulp Fiction entre autres. Puis les producteurs font la gaffe qui fallait pas : ils tapent Christophe Gans (Le pacte des loups) à la réalisation.

Et c’est là que ça dérape. Mais alors, en beauté. No pas que Gans soit un mauvais (encore que…), mais c’est juste qu’il n’a pas les épaules pour ce genre de film, c’est tout.

D’accord, niveau effets spéciaux, on est servi, c’est du gros calibre. C’est d’ailleurs tellement bien fait qu’on se croirait dans le jeu vidéo lui-même. D’où le hic : pourquoi aller voir un film qui ressemble comme deux gouttes d’eau au jeu, à la différence près que l’on est frustré de ne pas pouvoir y jouer ? Parce que niveau esthétique, il n’y a vraiment rien à dire, l’adaptation est plus que fidèle à l’esprit et au style du jeu. Même certains plans font penser à lui (comme la fuite de l’infirmière d’un coin de la pièce à un autre…).

Mais c’est là qu’on décroche. A force d’avoir trop soigné l’apparence de son film, Gans semble en avoir oublié la puissance évocatrice ou, tout simplement, les subtilités scénaristiques ou les possibilités d’action. Les apparitions de monstres sont trop courtes, le film tire bien trop en longueur (surtout la fin) et les effets sensés faire peur sont les mêmes qu’utilise des types comme Night Shyamalan. C’est dire qu’ils n’ont rien d’effrayant, tout au plus sont ils surprenants. Le pire reste pourtant à venir : à trop vouloir être unique, aller plus loin que les autres avant lui, Gans sombre dans un voyeurisme malsain, un plaisir sadique à montré des scènes franchement dispensables. S’il nous épargne la purification par le feu d’une fillette, il n’épargne pas celle d’une femme, où durant 5 bonnes minutes nous voyons sa peau se boursoufler, puis se décoller avant de prendre feu. Plus que du trash, du sadisme qui n’a que pour volonté de choquer. Vu comme ça, c’est réussi tellement c’est dégoûtant.

Les acteurs, quant à eux (devrait-je dire elles) n’ont rien à se reprocher, même si ils ne sont pas toujours au diapason avec leurs personnages. C’est sympa de placer une majorité de femme comme héroïnes, mais c’est frustrant de voir Sean Benn réduit à 10 minutes de film top chrono.

La b.o., quant à elle, est fidèle au jeu, et tente de donner du relief à un scénario qui, bien que permettant plusieurs interprétations sur le final, est beaucoup trop mal équilibré pour ne pas paraître long.

Une adaptation semi réussie donc, qui ravira les fans du jeu mais ne séduira peut-être pas autant les autres spectateurs. Dommage car nous n’est pas à jeter.

Note : **

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