vendredi 12 mai 2006

Aaltra


Un OVNI cinématographique que cet Aaltra.

Deux voisins. Mal dans leur travail et dans leur vie. Face à face en rase campagne, quelque part dans le nord de la France. La cohabitation est difficile. Ils se dérangent et se détestent. Une violente dispute se termine à l'hôpital à cause d'une benne agricole qui s'est écrasée sur eux pendant leur bagarre. Ils sont paralysés des deux jambes et sortent de l'hôpital en chaises roulantes. Après réflexion, chacun renonce au suicide et ils se retrouvent par hasard sur le quai de la gare. Voisins malgré eux, encore. Commence alors pour eux un voyage improbable et atypique. Objectif : aller réclamer des indemnités au constructeur du matériel agricole qui se trouve en Finlande. Ces deux paralytiques vont vivre un véritable parcours initiatique : la découverte de son voisin.

Road-movie déjanté, signé des compères Benoît Delépine et Gustave Kervern, Aaltra ne ressemble à rien de ce qui existe déjà dans le genre. Pas totalement une comédie, loin d’être un drame, le film vogue entre les genres, ne se fixant aucune limite au politiquement incorrect et à l’humour noir.

Sauf qu’à force d’être trop original, on finit par décrocher. Et là, les cinéastes en herbe ne nous aident pas à rester accrochés. Quelques moments viennent alléger le tout, mais le plus souvent les scènes ne semblent pas en terminer. Comme si, par obligation, les réalisateurs tirait le film en longueur pour atteindre l’1h30.

Les auteurs-réalisateurs-acteurs sont pourtant dans leur élément, distillant le même humour que dans Groland, ou presque. Ils jouent la carte de la dérision, de la verve acide, de l’humour pince-sans-rire qui active les zygomatiques mais au fond fait mal. Hélas, le film est très mal équilibré pour qu’on ne puisse retenir que cet aspect positif.

C’est tout aussi dommage pour les invités, noms prestigieux comme ceux de Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners, Noël Godin, Aki Kaurismäki ou Jan Bucquoy. Quoique pour certains, les scènes semblent avoir été improvisées, histoire de dire qu’ils avaient un rôle dans le film. Des scènes insolites, comme celle de Bouli Lanners en chanteur finlandais, dont on ne comprend finalement pas vraiment l’intérêt…

A l’aide d’un noir et blanc contrasté, le duo tente vainement de critiquer quelque chose, mais on ne sait pas exactement quoi : les assurances ? Les profiteurs ? Les gens regardant différemment les paraplégiques ? Ou peut-être, plus simplement, ne cherchent ils pas à critiquer quoi que ce soit, et veulent tout simplement faire un film à contre-courant, n’ayant pas peur d’être lui aussi différent.

Dommage que l’idée soit si floue, dans un scénario qui aurait gagné cette fois à un petit peu plus d’explications ; le film, quasi muet, n’en emporte en effet aucune. C’est vrai que c’est unique. Trop, peut-être.

Note : ***

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