vendredi 12 mai 2006

Ken Park


Un film qui vaut plus pour sa réputation que pour ses qualités que ce Ken Park.

Faut dire que même en sachant le nom du réalisateur, on ne sait jamais à quelle claque s’attendre. Après Kids, Another day in paradise ou Bully, on sait que son film suivant sera une bombe mais on ne sait pas sous quelle forme. D’où, après contrecoup, une certaine déception concernant Ken Park.

A la base, en lisant le synopsis et en regardant la bande-annonce, on peut s’attendre à du corrosif, du mordant qui va épingler l’american way of life au mur avec une punaise grosse comme une chaise. On peut s’attendre à une critique des Etats-Unis qui abandonne les jeunes à leur sort, à leur désespoir d’être en vie dans un monde qui n’est vraiment pas le leur. Et là, on retombe de haut. Tout ce qu’on voit, c’est du cul, du joint et du malsain. Les terreurs du film ? Un paumé qui couche autant avec sa copine qu’avec la mère de celle-ci, un autre paumé au père alcoolique, une nympho au père tyrannique, un taré détestant les grands-parents chez lesquels il vit et un rouquin jovial qui se grille la cervelle devant sa caméra en plein milieu d’une aire de skateboard.

Rien de bien jovial là-dedans. C’est fait exprès. Mais là où on commence à en avoir marre, c’est à force de voir des cunnis, des masturbations, des jeux sado-masochistes, des parents qui veulent se taper leurs enfants et des fumettes durant 1h30. Si encore cela pouvait servir le récit, passe encore, mais à quoi bon filmer pendant 3 minutes un mec bourré qui pisse ? Un ado perturbé se pendre à la poignée de sa porte pour se masturber, et filmer en gros plan son éjaculation ?

Clark tente d’attaquer l’autoritarisme parental, les dangers de la censure qui pousse à cacher aux jeunes les plaisirs sexuels ; mais à trop appuyer les poncifs (le père alcoolo, le veuf pleurant quotidiennement sa défunte femme…), il détruit la majorité de son discours. Quant au reste, c’est par une enfilade de longues minutes inutiles qu’il l’achève.

Dommage, car les acteurs, comme souvent, valent le déplacement, respirant l’authenticité, sans doute car provenant réellement de ce milieu. C’est aussi ça, la touche de Clark : tirer des gosses des quartiers pour en faire, le temps d’un film, des acteurs à part entière. A noter la présence au générique d’Amanda Plummer comme vedette.

Un film travaillé, dans la veine de Clark mais qui, à trop lorgner sur le porno pseudo intello, en oublie ses fondements : une analyse acide de la société US comme on les aime. Plus intelligent qu’un film de cul mais de peu.

Note : **

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