dimanche 7 mai 2006

La Bombe (The War Game)


Film choc et documentaire effroyable de Peter Watkins que cette Bombe.

En réalité je l’avoue, il s’agit plutôt d’un moyen-métrage destiné à la télévision (c’est produit par la BBC) que d’un véritable film, mais nombre d’entre vous savent le culte que je voue à Peter Watkins et son Punishment Park, alors je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de parler de son autre chef-d’œuvre…

L’histoire… est en relation directe avec l’Histoire : nous sommes en 1967, en pleine guerre froide. Je suppose que vous avez deviné le sujet : l’usage de la bombe atomique. Impossible de faire mieux que Dr Folamour dans ce domaine, et ça Watkins l’a compris. De toute manière, il ne voit pas matière à plaisanter comme Kubrick l’a fait. Il choisit donc, dans la plus pure tradition de son style vrai faux-documentaire, de parler des effets de la bombe sur la population. Et c’est là que ça devient effrayant !

En se basant sur des données scientifiques et sur des faits authentiques (ceux de Hiroshima, Nagasaki et Dresde), Watkins dépeint ainsi toute la misère et la souffrance humaine qu’engendrerait une explosion nucléaire. On part ainsi de la déportation de familles vers des zones moins risquées, familles amputées de tout mâle valide et de plus de 18 ans. S’en suit alors l’explosion, qui même à une dizaine de kilomètres, provoque des dégâts : sous la chaleur, la partie sensible de l’œil fond, la chair est brûlée au troisième degré et les murs prennent feu. Les conséquences continuent avec le souffle atomique, créant un peu partout des tempêtes de feu impossibles à maîtriser.
Ca, c’est l’aspect le plus soft du film. J’éviterai de vous parler en détail des mesures prises par les autorités pour abréger les souffrances des gens, l’anarchie totale régnant au sein de la société, la destruction psychique des survivants, la lutte pour la survie… Sans oublier l’insoutenable, la vision intégrale des dégâts, tant moraux que physiques…

Watkins permet toutefois au spectateur de se remettre de ses visions apocalyptiques mais c’est pour mieux l’assommer ; en guise de carton d’interruption, Watkins donne des informations officielles, des citations authentiques qui laissent présager tout l’horreur que provoquerait une telle attaque.

C’est peut-être là que le film en choquera plus d’un, dans cette peinture sans concession de la vie post-nucléaire, entre lambeaux de peaux qui tombent et regards vides des victimes. Arme à double tranchant puisque si elle choque, elle fait prendre également conscience de la menace qui pesait à l’époque sur les citoyens du monde. Sans compter que si le film fut applaudi par les scientifiques pour son authenticité, ils s’empressèrent de rajouter que Watkins était encore loin de la vérité…

Un film coup de poing donc, véritable traumatisme télévisuel qui a évidemment perdu de son impact à la fin de la Guerre froide (et les prémonitions du narrateur pour 1980 ne se sont heureusement pas vérifiées) mais dont l’horreur, l’aspect plus vrai que vrai du récit laisse en soi et dans son esprit une marque indélébile, une vision pénible de la condition humaine si l’horreur se produisait ; plus de doutes cette fois, face à la maestria de Watkins, Moore (pourtant génial) passe pour un gamin : c’est dire !

Note : ****

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