jeudi 25 mai 2006

Inside Man


Inside Man, ou une preuve supplémentaire que dans le monde du cinéma, cinéaste engagé et blockbuster peuvent coexister.

Le film aurait été un énième thriller si à la réalisation on n’avait pas placé un petit gars du nom de Spike Lee. Et même s’il reste moins connu en Europe qu’aux USA, il reste le réalisateur de films dérangeants dont Do the right thing et Malcom X font figures de proue. Etonnant donc de le voir là, et surtout inquiet de savoir s’il ne va pas se faire littéralement bouffer par la faune hollywoodienne. Heureusement, le ton est vite donné !

Lee n’abandonne pas son style : rythme fluide, plans succincts, le film débute même sur une musique indienne, bien loin des standards du genre. Une sorte de prémisse à ce qui va arriver par la suite : un règlement de compte avec les Etats-Unis post 9/11. Sans délaisser l’humour, Lee dessine des personnages meurtris mais qui ne s’en portent pas plus mal (l’hindou qui refuse de parler à la police tant qu’il n’a pas son bandeau, les juifs qui discutent d’éventuels procès pour gagner de l’argent…). Et si la facilité du cinéaste revient à mettre un duo de flics noirs face à une bande de voleurs blancs, on ne lui en tient finalement peu rigueur.

Car il faut dire qu’il a su s’entourer le Spike Lee ; outre son fidèle Denzel Washington, Spike Lee s’est adjoint les services de Clive Owen, Jodie Foster, Willem Dafoe et Christopher Plummer. Ce qui est génial, c’est de voir que chacun diffère quelque peu de ses rôles habituels : Washington quitte le rôle du noir épris de justice pour devenir un flic qui devient aussi manipulateur que ceux qui veulent le manipuler ; Clive Owen joue les cambrioleurs intellos prétentieux mais au grand cœur ; Jodie Foster joue la garce de service, sorte de mercenaire à la solde d’un Christopher Plummer pourri jusqu’à la moelle ; enfin, Willem Dafoe joue un flic hélas trop effacé pour qu’on en retienne quelque chose. Il convient de saluer leurs performances, notamment celle de Clive Owen qui, l’air de rien, devient la vedette du film, celui qu’on est content de voir à l’écran ou, tout simplement, d’entendre.

Et si le scénario un peu simple tente de jouer sur la manipulation du spectateur (qui est vraiment le méchant de l’histoire ?) notamment dans son final, il ne gâche en rien les confrontations entre le trio Washington-Owen-Foster.

Du blockbuster comme on les aime donc, à la fois grand spectacle et film d’auteur, où Spike Lee touche à la fois à la gloire du box-office et à la grâce de son cinéma un rien anarchiste. Un homme magnifique à Sydney Lumet (les parallèles avec Un après-midi de chien sont frappants, et Owen surnomme Washington « Serpico ») et du divertissement de très haute gamme.

Note : ****

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