lundi 1 janvier 2007

Manhattan


Lorsque l’on parle de Woody Allen, on sait quel amour il porte à sa ville natale, New-York. Mais pour confirmer cette légende, il n’a pas hésité à réaliser Manhattan, ce qui peut apparaître aujourd’hui comme l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre.

Fondu en ouverture. Sur fond de Rhapsody in Blue de George Gershwin, une multitude de plans de New-York et une voix-off, celle d’Isaac Davis écrivant son livre. « Chapitre 1 : il adorait New-York. Il l’idolâtrait au-delà de toute mesure ! ». Ainsi s’ouvre le film d’Allen, qui nous permets déjà de comprendre que ce récit, à la manière d’Annie Hall auparavant, va jouer sur un récit à la première personne. Et ne pas hésiter à exploiter ses mésaventures personnelles pour en faire un film qui s’apprête à devenir culte. Il s’en amuse même quelque part, avec son prsonnage refusant de voir sa vie étalé dans un livre alors que le vrai Allen n’hésite pas à le faire ans ses films…

Il faut dire que si Annie Hall représentait une étape fondamentale dans la filmo d’Allen, Manhattan aussi : là où le premier posait les bases de son style, le second confirme ses thèmes récurrents : les difficultés avec l’autre sexe, la peur de vieillir, le besoin de trouver des gens de son niveau intellectuel, le mépris du monde moderne au profit d’un monde d’autrefois, comme ce New-York largement embelli dans ce film, conformément à l’image que s’en fait Woody. Ses angoisses permanentes sont mises en avant tout comme ses références : Groucho Marx, Ingmar Bergman ou encore Federico Fellini, trois artistes dont il estime être un fils spirituel ou tout du moins un fan absolu.

A nouveau, il utilise son ancienne compagne Diane Keaton mais aussi une autre actrice célèbre : Meryl Streep. Face à ses deux génies, Mariel Heminghway se fait discrète mais n’en est pas moins présente à l’écran pour autant, mieux son personnage parvient à nous captiver tout autant que les deux autres. Côté mec, Woody garde la tête d’affiche, mais quoi de plus normal. Tout ce petit monde, comme souvent chez Allen, brille de mille feux, offrant des prestations variées mais toujours superbes. Woody, brillant directeur d’acteur : c’est sûr !

Mais pas seulement. En effet, Manhattan est aussi un petit défi technique comme Woody les aime : alors qu’il pourrait se contenter de tout miser sur un scénario en béton et un casting impressionant, il désire aller encore plus loin. C’est ainsi que Manhattan est à ce jour le seul film de Woody Allen à avoir été tourné sous le format 2:35, appelé CinémaScope. Cela permettait à Woody Allen de donner une perspective globale de la ville de New York, qu'il considère comme un personnage essentiel du film. De plus, Allen choisi le noir et blanc pour une très bonne raison : la gamme de dégradés offre au réalisateur un moyen détourné de faire passer les sentiments de ses protagonistes. Une preuve supplémentaire que Woody n’est pas seulement un conteur : c’est un cinéaste à part entière.

Pour l’anecdote, Woody Allen était à l'époque si mécontent de son travail sur Manhattan qu'il offrit à United Artist de réaliser un autre film gratuitement s'ils acceptaient de laisser celui-ci reposer au fond d'un placard. Mais ce sentiment s'applique à chacun des films du réalisateur, toujours déçu lorsqu'il visionne pour la première fois une de ses oeuvres. Depuis, Woody Allen a changé d'opinion, avouant même que Manhattan est l'un de ses films les plus réussis avec La Rose pourpre du Caire.

Côté récompenses, Manhattan a été couronné de succès à sa sortie : César du meilleur film étranger, le prix du meilleur réalisateur de la NSFC (National Society of Film Critics Award) et de la NYFCC (New York Film Critics Circle Awards) ainsi que BAFTA (l'équivalent anglais des Oscars) du meilleur film.

Remarquable en de nombreux points, Manhattan séduira moins le grand public que d’autres œuvres mais reste, encore et toujours, l’un des films les plus aboutis de l’auteur. Et ça, croyez-moi, c’est un gage de qualité.

Note : ****

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