mercredi 17 janvier 2007

Killing Zoé


Tarantino a ouvert des portes dans le monde du cinéma à des cinéastes et à des films parfois spéciaux. C’est un peu le cas de Killing Zoé, premier film de Roger Avary.

Pour rappel, Avary est le grand pote de Tarantino, celui qui a participé activement à l’écriture de Reservoir Dogs et surtout Pulp Fiction. Et c’est durant des repérages pour Reservoir Dogs justement qu’Avary voit bien un film qui parlerait d’un braquage de banque. Alors quand ce dernier passe à la réalisation, sponsorisé par Tarantino et Lawrence Bender qui plus est, on est en droit d’attendre une petite merveille… Jusqu’à ce que la réalité nous explose au visage : Killing Zoé est bien plus proche du navet que du chef-d’œuvre.

Sauvons les meubles et précisons que le casting était joli à la base, et la réalisation d’Avary n’est pas mauvaise en soi. Mais hélas, c’est à peu près tout ce qu’on peut sauver de ce film tant il semble bâclé, sans rejeter la faute aux distributeurs (la director’s cut n’a rajouté que trois malheureuses minutes qui ne changent absolument rien !)

D’abord, le scénario est inexistant : là où on s’attendait à un film minutieux, drôle ou même consistant, le contre-pied est fatal : le braquage en lui-même ne dure qu’un tiers du film, et vire plus au bain de sang gratuit (et grotesque) qu’à un hold-up, les 20 premières minutes sont fades (naissance d’une histoire d’amour être un perceur de coffre et une putain… original) et les 40 minutes précédant le coup auraient mérité un meilleur traitement : des idées sont lancées sans être exploités (le sida d’Eric) et les trips héroïnomanes sont cools un temps mais finissent par lasser. A croire que le film veut plus décrire le monde de la drogue qu’un braquage de banque, mais là aussi on a vu mieux.

Les acteurs limitent la casse mais de peu : Eric Stoltz n’a rien à se reprocher, mieux même il joue bien, tandis que Julie Delpy est sous-exploitée et Jean-Hughes Anglade, marquant, sombre parfois dans l’excès et perd sa crédibilité.

Enfin, la réalisation d’Avary est certes honorable sur le plan des cadrages mais manque considérablement de rythme, de ligne directrice et surtout de ce soupçon magique qui font de Tarantino un cinéaste ultraviolent mais regardable ; ici, c’est tout le contraire.
Une grosse déception donc, de la part d’un artiste qui se prétendait meilleur que ça. Plus de rigueur et plus de travail aurait pu faire de Killing Zoé le digne héritier d’un Après-midi de chien ; il en est réduit à en être la pâtée.

Note : *

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