vendredi 6 novembre 2009

Watchmen


Le film s’ouvre sur un affrontement violent, qui ferait passer Jason Bourne pour une gonzesse, et se conclut par une mort biblique (une chute) d’un ancien « héros ». Cut. Générique : naissance et fin des super héros, Nixon en dictateur, la paix aux chiottes. Retour sur un smile taché de sang, celui du Comédien, dont la trace de sang indique justement minuit moins cinq, comme l’horloge de l’Apocalypse. La fin du monde est proche, celle des héros aussi.

Le film est d’une richesse visuelle et narrative incroyable. Prenant le pari de rejeter l’entertainment hollywoodien (aucune star, 2h30, peu d’action, énormément de psychologie), le film est une œuvre postmoderne par excellence, faisant écho tout du long à l’histoire de l’art : peinture (La Cène, Andy Warhol), photographie (clin d’œil à Annie Leibovitz), musique (Mozart y croise Simon & Garfunkel), cinéma (Dr Folamour, Mad Max), littérature. Le film est chargé de symboles : par exemple, dès qu’un héros va sombrer, une vitre se brise (le Comédien, Dr Manhattan, Ozymandias). L’esthétique est ultrasoignée, Snyder impose sa patte. Ce gars est un magnifique plasticien.

Je réagis peu face à l’histoire car je la connais d’à travers les comics, respecté scrupuleusement par ailleurs, comme l’était 300. Elle reste prenante car elle s’écoule lentement : Snyder se fout de l’objectif final, il pose les bases de chacun de ses personnages, et c’est bien mieux comme ça. Dans l’intime, c’est l’universel qui apparaît : l’amour, la haine, la vie, la mort. Chaque personnage n’est ni bon ni mauvais, juste humain.

Il y a un jeu phénoménal sur la temporalité : le passé et le présent se confondent pour un futur incertain. Flash-back et flash-forward s’entremêlent et brouillent les cartes. Il y a aussi une profonde réflexion sur la religion, notamment avec le personnage de Dr Manhattan, dieu vivant mais impuissant.

Le final est effrayant, mais d’une logique imparable. Le dernier plan laisse place à toutes les interprétations possibles : la Vérité va-t-elle éclatée ? Va-t-on la dissimuler ? Va-t-on seulement s’y intéresser ?

Le générique final défile. Dernière pierre d’un édifice qui vient de bousculer Hollywood, l’adaptation de comics, le film de super-héros. Snyder est grand, qu’on se le dise ; Watchmen est certainement son œuvre ultime tant sa richesse équivaut celle des plus grandes œuvres de l’histoire de l’art.

Note : *****

4 Comments:

eelsoliver said...

superbe film de super héros en effet qui change vraiment des productions habituelles. D'ailleurs, je voulais savoir: tu as vu Darkman ?

Bastien said...

Eelsoliver : oui, je l'ai vu, j'ai même une critique en réserve pour ce blog ;-)

Jérôme said...

entièrement d'accord. Par ses partis-pris, le film a été une grosse prise de risques. Un peu un "anti-blockbuster", pourtant avec beaucoup de moyens, aux thématiques d'une richesse impressionnantes. Il faut absolument que je lise le comics !

Benoît said...

Chef-d'oeuvre!!! L'un des meilleurs films de la décennie!