jeudi 18 décembre 2008

Promets-moi (Zavet me)


Même les plus grands cinéastes ont leur moment de faiblesse. Personne n’est parfait après tout. On ne peut donc pas vraiment blâmer Emir Kusturica d’avoir réalisé, avec Promets-moi, l’un de ses moins bons films, si pas le moins bon tout court.

Pourtant à la base, on retrouve tous les ingrédients propre à l’univers kusturicien : animaux, mariages, bandits, musique tzigane (menée tambours battants par Stribor Kusturica, fils de qui vous savez), lévitations et situations totalement décalées, sur lesquelles le réel ne semble pas avoir d’emprise. Film à la fois comique et burlesque, Promets-moi semble aussi être un immense hommage à Buster Keaton, Charlie Chaplin, Tex Avery, Jacques Tati voire Tim Burton, et même Nick Park tant les gags machiniques (comme dans Wallace et Gromit) sont nombreux ici. Et, bien sûr, un hommage de Kusturica à lui-même tant Promets-moi fait des parallèles avec le reste de l’œuvre du cinéaste. Et c’est là que le bat blesse : sommes-nous en présence d’une réalisation honnête ou d’une vaste parodie ? Car à force de réemployer les mêmes ingrédients, cette fois à outrance (la zoophilie des gangsters), le film vire au ridicule, à la blague potache et redondante, drôle au début et lassante à la fin.

C’est d’autant plus troublant que Kusturica semble faire n’importe quoi à la réalisation, alternant les grands moments (le long final est totalement jubilatoire) et les plans très réussis ou les gags irrésistibles (comment décrocher un saucisson en shootant dans un chat) avec des effets spéciaux mal fichus, et le plus souvent inutiles. Le rythme n’y est pas non plus, et seul le montage alterné nous évite l’ennui.

C’est bien dommage, car les personnages en eux-mêmes sont majoritairement irrésistibles, en particulier les jumeaux, impayables et dignes de l’univers de Kusturica. Le grand-père est également très drôle, caractériel et facétieux, agacé et amoureux de son ancienne fiancée à forte poitrine, convoitée par un inspecteur scolaire tourné en ridicule. La bande de gangsters est elle aussi pas mal, même si on a connu Miki Manojlovic (fidèle des fidèles chez Kustu) plus inspiré. A cet égard, le jeune Uros Milovanovic dans le rôle de Tsane s’en sort très bien.

Un film en demi-teinte donc, qui sème le doute dans notre esprit : soit c’est un film sérieux, et donc un échec de la part d’un cinéaste aussi doué, soit c’est de l’autodérision, et dès lors il s’agit d’une private joke de 2 heures qui ne fait rire qu’à moitié. Quoi qu’il en soit, on reste déçu de voir un tel talent gâché ; le « Fellini des Balkans » n’a guère fait mieux qu’un clown.

Note : **

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