jeudi 16 juillet 2009

Nous ne vieillirons pas ensemble


Le film qui révéla Pialat au grand public, son deuxième, et quelle claque !

Fort de sa première expérience, Pialat ne commet plus les légères erreurs de l’Enfance nue (choisir des amateurs pour des rôles difficiles) et opte pour un film posé, avec des vedettes et un scénario correctement construit. Sans plans inutiles, sans lourdeur de récit, le film aborde la séparation à petit feu d'un couple qui s'aime sans s'aimer, et qui finira par se détester sans se détester. L’amour impossible, l’amour vache, l’amour gâché, un des grands thèmes de Pialat qui trouve ici un écho qui n’aura d’égal, à mes yeux, que celui de A nos amours. Pialat ne croyait certainement en l’amour, mais il l’imaginait mal : le titre du film, Nous ne vieillirons pas ensemble, outre son audace de ruiner le suspens du film, souligne bien la vision pessimiste du réalisateur.

Le côté biographique est évident (il sera de notoriété publique que l’histoire est authentique, Pialat ayant vécu une histoire avec une jeune fille qui s’est mal terminée), ne serait-ce déjà que dans le personnage de Yanne, proche psychologiquement mais aussi un peu physiquement (je trouve) du cinéaste. L’acteur livre par ailleurs une performance remarquable. Drôle sans réellement l’être (il est quand même odieux, mais ça reste Jean Yanne), il capte littéralement l’attention, impose sa présence à l’écran, le tout avec une justesse et une fraîcheur peu commune (il faut dire qu’il improvisait beaucoup). Face a lui, Marlène Jobert, fragile, innocente, est aussi parfaite.

Avec un tel duo d’acteurs, Pialat ne pouvait que mettre sa caméra à leur service, et le fait en privilégiant le plan-séquence au montage avec beaucoup de plans. L’autre avantage c’est que, de la sorte, on continue à garder à l’esprit ce côté « documentaire », captation d’un fragment de la vie de tous les jours. Cet aspect confère une apparente austérité qui est trompeuse, le film dégageant une puissance, une émotion qui ne laissera personne indifférent.

Du très grand art.

Note : ****

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