jeudi 2 juillet 2009

Le château de l'araignée (Kumo no Sujō)


Adapter Shakespeare, ce n’est pas facile. Quelques grands y sont pourtant parvenus avec panache : Welles évidemment, mais surtout Akira Kurosawa qui a le mérite d’avoir transposé Shakespeare et la culture occidentale dans la culture du Japon féodal.

Le tour de force, c’est bien entendu la base du lien Occident-Orient du film : Shakespeare adapté façon Nô. Qu’est-ce que le Nô ? Eh bien c’est l’une des formes théâtrales les plus complexes et la plus japonaise qui soit (je renvois à Wikipédia pour toutes les précisions nécessaires : http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%B4). Ici, l’influence est particulièrement esthétique (sobriété des intérieurs) et portée sur le jeu des acteurs, leur gestuelle et surtout leurs expressions faciales qui évoquent les masques traditionnels du Nô. Celles de Toshiro Mifune viennent ainsi du masque samouraï ‘heita’.




Evidemment, les détracteurs diront « ouais mais le théâtre japonais ça va quoi, on ne le connaît pas alors on va pas comprendre le film ! ». Dites donc, je vous trouve bien pessimiste ! Car sans connaître le Nô ou même l’œuvre originale (MacBeth donc) de Shakespeare (et ainsi ne pas voir les petites subtilités, comme le remplacement des sorcières par un spectre unique), Le château de l’araignée reste un film à ne pas manquer.

Pourquoi ? Pour son ambiance extrêmement soignée, où la mort plane autant que le brouillard joue un rôle prépondérant dans le film. Pour la composition des plans de Kurosawa, toujours très soignée. Pour la tension qui va crescendo (fantastiques moments de meurtre du Shogun et d’hallucinations morbides). Pour des moments de bravoure comme seul Kurosawa savait en créer (magnifique mise à mort du personnage de Mifune, qui hantera longtemps les esprits).

Et puis pour Toshiro Mifune. Eh oui, je me répète mais ce type était tout simplement un acteur incroyable. Tout comme Akira Kurosawa est un réalisateur que l’on a trop oublié aujourd’hui, alors qu’il a réalisé bon nombre d’essentiels à tout cinéphile qui se respecte. Comme ce Château de l’araignée que je ne peux qu’encourager à voir.

Note : ****

1 Comment:

Anonyme said...

Juste une petite indication c'est Kumo no su jô (et non "sujô")

Ou encore Kumonosu-jô (komonosu étant la toile d'araignée et jô étant le château mais tu dois peut-être le savoir)