samedi 18 juillet 2009

Mystery Train


Un train arrive.

Premier wagon. Première histoire. Un couple de jeunes japonais, désabusés (rappelant ceux de Contes cruels de la jeunesse d’Oshima), qui errent sans véritable but, et sans savoir réellement se parler : un couple antonionien dans la plus pure tradition. Le décor est celui pourri d’une Amérique en perdition, une Amérique de laissés pour compte, ici Memphis qui n’a pour seul intérêt que d’être la ville du King. Un premier segment fascinant, décalé, où Jarmusch parle encore et toujours du choc culturel. Et démontre qu’il est aussi à l’aise dans la couleur que dans le noir et blanc.

Deuxième récit. Une rencontre : Nicoletta Braschi, qui ramène celui qui pourrait être Bob de Down by Law, et une jeune fille déboussolée qui vient de larguer son boyfriend qui ressemble à Elvis. Plus angoissant : la fille se sent seule et en insécurité dans un bled peuplé de dingues. Plus fantastique : Elvis apparaît, s’excuse du dérangement et s’en va. Un segment plus mou, moins séduisant, mais tout aussi intéressant.

Dernière partie. La plus jarmuschienne : que des loosers, des paumés, dont un mec qui ressemble à Elvis et vient de se faire larguer. Personne n'a autant de passion pour les déclassés, les marginaux, et les filme si bien. Drôle, parfois surréaliste, complémentaire des deux autres parties. Réussite totale.

Pour lier le tout, la musique : au centre, Elvis Presley, et tout autour Rufus Thomas (soul man, accueille les jeunes japonais), Joe Strummer (chanteur des Clash, sosie d’Elvis) qui tire le coup de feu qui relie chaque segment, Screamin Jay Hawkins (dandy de l’hôtel qui accueille les personnages) et la voix de Tom Waits qui souhaite la bonne nuit au son de Blue Moon.

Le train redémarre. L’arrêt n’aura duré qu’une nuit. Une nuit sur terre. Une nuit comme tant d’autres ? Pas sûr.

It was a really mystery train.

Note : ****

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