samedi 26 mars 2011

Machete

On dit souvent qu’une bande-annonce n’est pas significative d’un film : soit elle est bonne et le film sera naze, soit l’inverse. Mais pensait-on avant ce Machete qu’une bande-annonce pouvait créer un film à part entière ?

J’aime bien Rodriguez : un mec qui a les cojones de faire ce qu’il veut comme il veut sans chercher à jouer les grands cinéastes mais juste à s’éclater avec ses potes et faire des films que lui veut voir (donc pas forcément les autres), ça ne m’inspire que le respect. Encore plus quand il s’assume totalement : Machete, c’est de la série B qui se revendique comme telle (les effets spéciaux sont même volontairement ringards) avec ses personnages caricaturaux et sans psychologie, son action débridée, ses femmes à poil, le sang, la bidoche, le scénario épais comme une feuille à cigarette, l'humour second degré et ses acteurs qui ont un corps (pour les dames) et une gueule (pour les mecs).

On s’en tape royal du scénar : un mec qui perd tout tente de refaire sa vie, tombe dans une embuscade et décide de se venger. Point. « They just fucked with the wrong mexican », c’est dit tel quel. Alors pas besoin de se creuser la tête : l’hémoglobine va gicler, les répliques nanardesques cultes vont sortir par dizaines (« God has mercy ; I don’t ! ») et on s’en tape de la cohérence, du vraisemblable, des passages un peu trop foireux : c’est du n’importe quoi qui veut sa place au rang des « films à voir entre potes bourrés le samedi soir », et il l’obtient aisément.

Mention très bien aux acteurs par ailleurs. Un casting de malade où Trejo, monoexpressif, est au sommet de son talent de bad mexicanos, où de Niro et Don Johnson cabotinent en bad guys pour notre plus grand plaisir, où Steven Seagal bouffi fait mouche à chacune de ses apparitions, où Jessica Alba dispute à Michelle Rodriguez le titre de bombasse caractérielle du film, tandis que Lindsay Lohan joue l'autodérision (l'ado qui déteste son père et en plus se drogue et picole) et l'impayable et irrésistible Cheech Marin en prêtre à la gâchette facile et ses répliques inoubliables (« I absolve you for all your sins and now get the fuck out ! »).

En dehors d'un dernier quart d'heure un peu trop foutraque et expédié, l'ensemble du film joue à fond la carte de la dérision et Rodriguez mène sa barque comme un pro (la technique n’est pas dégueu et les effets volontairement nazes accentuent encore plus le côté décalé du film) et se fait royalement plaisir sur les scènes d'action gores et autres grands moments de génie du n'importe quoi. Un vrai film hommage et ironique, avec pourtant un fond politique derrière (la politique d’immigration des Etats-Unis, le racisme ambiant, de Niro et ses airs de Georges Bush) ce qui accentue encore plus le plaisir cynique que procure la vision de ce film. Machete rules.

Note : ***