dimanche 20 mars 2011

Bronson

Comment réussir, à l’heure où les écrans en sont submergés, un bon biopic ? En réalisant un film qui n’en est pas réellement un. Comme Bronson.

Deux choses m’ont fondamentalement surpris (et séduit) dans ce film. La première, c’est bien évidemment la réalisation de Nicolas Winding Refn. Résolument postmoderne, d’une distanciation constante et d’une audace de tous les instants, elle n’est pas sans rappeler par bien des aspects (cadrages, étalonnage, métaphores) la mise en scène de Kubrick pour Orange Mécanique. Tous deux utilise par ailleurs la dimension « théâtrale » pour aborder un sujet aussi épineux que l’ultraviolence : là où Kubrick jouait des clins d’œil (des masques de commedia dell’arte, une scène, des musiques d’opéra), Refn joue la carte du one man show qui sert de liens entre les différentes parties du film, accentuant encore plus le côté spectacle du personnage de Bronson. La différence réside peut-être dans la démonstration de la violence chez l’un et l’autre : alors que Kubrick tournait en dérision tout acte de violence, Refn le montre de manière directe, sans concession, et les nombreuses rixes de Bronson avec le personnel pénitentiaire, en particulier la dernière, mettent mal à l’aise, et c’est bien là l’intérêt.

Le second point fort à mes yeux est sans conteste Tom Hardy. Je dois avouer que la transformation physique bluffante n’est qu’un des éléments de l’interprétation tant Hardy compose un Bronson magistral en s’effaçant derrière ce personnage schizophrène, tour à tour drôle et effrayant, touchant et exécrable. Une vraie performance, dans le sens le plus noble du terme.

Inversement, le scénario est par moments un peu trop faible, n'osant pas trop aller jusqu'au bout des choses j'ai l'impression, restant un peu en surface, comme si Refn avait peur de dire quelque chose qui ne fallait pas alors qu'il lance diverses pistes tout au long du film (Bronson est violent par envie, par besoin, par instinct, par art, parce qu'il ne sait rien faire d'autre, par soif de gloire, par solitude...). Du coup, le film reste trop en surface de son énorme sujet, complexe qui plus est, et préfère s'attarder sur une subversion des institutions pénitentiaires (normales ou psychiatriques) anglaises en soulignant la main légère des gardes sur les prisonniers difficiles, ou encore les directions mi-figue mi-raisin concernant la réhabilitation des détenus à l’instar de la séquence de Bronson, du prof de dessin et du directeur de prison.

En dépit de ces chipotages scénaristiques (l’excellence appelle la sévérité du jugement), Bronson n'en demeure pas moins un bon coup de poing dans la gueule.

Note : ****

2 Comments:

Benjamin said...

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dasola said...

Encore un film que j'ai beaucoup apprécié. Il lorgne en effet vers Kubrick, il a un côté très théâtral mais cela sort vraiment de l'ordinaire. Je suis curieuse de voir le nouveau Winding Refn en compétition au festival de Cannes cette année. Bon dimanche.