mardi 30 décembre 2008

Quand j'étais chanteur


Depuis quelques temps, Gérard Depardieu n’a plus la cote, beaucoup le déclarant fini, out, faisant du Depardieu dans des films moyens, son génie d’acteur ayant disparu. Et puis, comme ça, sans prévenir, est apparu Quand j’étais chanteur.

Sans prévenir car si Xavier Giannoli est un cinéaste talentueux, le sujet de son film est pour le moins original : l’histoire d’un chanteur de bal prise très au sérieux qui arrive en bout de course et découvre l’amour. Alors, imaginer Depardieu en chanteur, c’était déjà cocasse, mais devant faire face à Cécile de France et Mathieu Amalric, le choc risquait d’être brutal. Et ce qu’on appelle « la magie du cinéma » a opéré, et Depardieu en a laissé plus d’un sur le carreau, vampirisant carrément tout le film par son charisme !

Gérard Depardieu, le monstre sacré, l’héritier des Gabin, Blier et Ventura avec ce côté hyper professionnel à la De Niro, Pacino ou Brando. Ayant tourné avec les plus grands, on pensait qu’il ne parviendrait plus à nous surprendre, et pourtant ce colosse au cœur tendre et d’une simplicité déconcertante parvient ici à toucher une corde sensible chez le spectateur, une petite prouesse qu’il n’avait plus réalisé depuis des années. Le reste du casting est très bon, attention, mais Depardieu parvient, comme à l’apogée de sa carrière, à capter toute notre attention, si bien que le reste du film passe en arrière-plan. Ses prestations de chanteur sont tout simplement hallucinantes, parvenant à faire de l’univers des chanteurs d’origine son propre univers, sans trahir l’émotion originale. Du grand art de comédien.

Il ne faudrait cependant pas passer à côté du récit de Giannoli. Surprise, ce film qui aurait pu être mélodramatique, moqueur ou simplement une réflexion sur le statut d’artiste en bas de l’échelle pour l’élite du milieu est simplement l’histoire d’un homme et d’une femme qui ne parviennent pas à s’aimer en même temps. En toute délicatesse, Giannoli pose sa caméra pour observer ses personnages, sans les juger, sans se moquer ou prendre parti, simplement pour voir ce qui va se passer. Le procédé a ses limites, puisque le film tire un peu en longueur, mais il évite surtout d’être ridicule en intellectualisant une histoire d’amour contrariée.

Dommage que le scénario n’est pas forcément à la hauteur par moments, où quelques scènes viennent un peu perturber le spectacle, et où le final prévisible approche la perfection du sentiment jusqu’à un dernier revirement qui hélas annule toute l’amertume accumulée jusque là. Ces petits moments qui viennent troubler un récit cohérent et touchant car humain.

On retiendra donc du film la pudeur et la chaleur de la mise en scène de Giannoli, et la performance d’un Depardieu qui se rapproche du firmament qu’il a plus d’une fois atteint auparavant. Cette icône du cinéma français n’est pas morte, et ses quelques écarts ne doivent pas faire oublier qu’il a un potentiel inouï pour atteindre notre sensibilité de spectateur.

Note : ***

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