vendredi 26 décembre 2008

Hellboy


Il est fort. Il est invincible. Il est rouge. Il bouffe comme quatre, il fume le cigare, a 15 ans d’âge mental et accessoirement est le fils du Diable. Il, c’est Hellboy.

Hellboy, c’est avant tout une série éponyme de comic-books créée par Mike Mignola en 1994 et publiée chez Dark Horse. Très populaire outre-Atlantique, l'œuvre se distingue par un graphisme très particulier jouant sur l'ombre et la lumière, et met en scène les aventures d'un super-héros atypique, une créature démoniaque issue des flammes de l'Enfer mais combattant pour le Bien. « Hellboy est un héros de bande dessinée particulier », explique l'auteur. « C'est un type droit. Né des flammes, il est indestructible, tout en étant pourtant innocent et timide. C'est un être paradoxal. Ses origines et ce qu'il veut faire de sa vie sont en opposition complète, maintenus dans un équilibre instable. Issu du Mal, il a choisi d'œuvrer pour le Bien ». Un super-héros type du nouveau siècle : ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, et avec la fuckin attitude qui séduit tant les jeunes générations. Mais Hellboy, c’est un peu plus que le minimum syndical puisque le film est signé Guillermo Del Toro.

Del Toro a tout de même eu du bol : il n’était vraiment pas le premier choix du studio puisque les noms de Jean-Pierre Jeunet, Peter Hyams et David S. Goyer ont défilés avant le sien. Cela étant, Del Toro était tellement motivé par ce projet (et tellement obnubilé puisqu’il refusa de réaliser à la place Blade : trinity, Alien vs Predator ou encore Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban) qu’il remporta le bout de gras et parvint même à imposer son pote Ron Perlman (immense acteur mais peu bankable) à la place de Vin Diesel, Nicolas Cage ou encore The Rock. A noter que Perlman doit le rôle de Hellboy à… James Cameron, puisque Del Toro avait un temps pensé (comme Ang Lee sur Hulk) à faire un personnage entièrement en image de synthèse avant que Cameron lui dise : « 'Bonne idée, mais l'histoire d'amour ne marchera pas'. J'ai alors réalisé qu'il avait totalement raison, et je suis retourné vers le maquillage » confie le réalisateur. A noter que le studio enchaîna aussi le sidées stupides en demandant qu’Hellboy soit un humain qui se transforme en monstre quand il est en colère (comment ça du déjà vu ?) ou qu’il vienne des Enfers mais avec une apparence humaine.

Retour aux maquillages car, il faut bien le reconnaître, ils composent l’un des points forts du film. Mis au point par l'expert Rick Baker (Star Wars, Furie, Le loup-garou de Londres, Videodrome, Wolf, Ed Wood, Professeur Foldingue, Men in Black, Le Grinch, La planète des singes de Tim Burton bref une carrière récompensée par 6 Oscars), le maquillage de Hellboy était l'un éléments essentiels à la viabilité du projet. La pose du masque demandait environ quatre heures au maquilleur Jake Garber. "Ce qui me stupéfie", explique le producteur Lloyd Levin, "c'est la façon dont les subtilités de l'interprétation de Ron sont perceptibles sous les couches de maquillage. C'est un personnage délirant, rouge, avec des cornes, il est énorme et a des dents gigantesques, et pourtant on ne voit pas un masque, mais une créature vivante, qui respire et éprouve des émotions". Au final, les paupières et la main gauche de Ron Perlman étaient les seuls parties du corps du comédien à apparaître à l'écran. Pourtant, le comédien ne s'est jamais, de son propre aveu, trouvé aussi sexy qu'en Hellboy !

Un maquillage réussi, épatant (comme celui de Abe Sapiens par ailleurs, qui nécessitait 5 à 7 heures de pause et 3 heures pour le retirer du corps de Doug Jones) qui fait que l’on accepte bien vite la dimension fantastique du film. D’autres éléments viennent bien sûr conforter notre acceptation, des effets spéciaux convaincants et qui bien que nombreux (900 plans d'effets visuels, dont 95 pour la seule séquence d'ouverture) ne surchargent pas le film, et des décors grandioses (le métro reconstitué est bluffant) et surtout fidèles à la BD : « Nous avons développé les décors en incorporant des images des comics et en nous efforçant d'être fidèles à leur palette : des noirs et des bruns, des noirs et des gris, avec des touches de rouge et de vert », note le chef-décorateur Stephen Scott. Bref, des éléments constitutifs de la mise en scène parfaitement maîtrisés.

Evidemment, le point fort du film au-delà du visuel tient en deux mots : Ron Perlman. Malgré la dose dantesque de maquillage qu’il se trimballe, le bougre parvient encore à nous faire rire, nous faire frissonner, nous faire ressentir les émotions qu’il est capable de transmettre. Sa performance ne doit d’ailleurs pas être étrangère au titre de « King of the Beasts » que le New York Daily News a attribué à ce bon gros Hellboy.

Enfin, le film ne se prend jamais la tête ni trop au sérieux, comme l’illustre parfaitement ce générique amusant où Hellboy étant caché à la face du monde mais ne pouvant rester enfermé chez lui, il se balade en ville (et donne lieu à des clichés ou des vidéos qui se réfèrent à celles des ovnis ou encore de Big Foot). Et si le scénario est très loin d’être fouillé, les scènes d’action qui le remplissent se suffisent amplement à elles-mêmes (même si les combats contre Samael finissent par se ressembler) pour faire de Hellboy un divertissement décérébré plus que trippant. Et un film-date pour le réalisateur : ce n’est qu’après ce film qu’il a pu réaliser son chef-d’œuvre à ce jour, Le labyrinthe de Pan, et obtenir des fonds plus importants encore pour Hellboy 2 dont le bestiaire seul démontre bien le génie fantastique visionnaire de Guillermo Del Toro. Great !

Note : ***

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