mardi 21 novembre 2006

Prêt-à-porter


Une assez grosse déception de la part de Robert Altman que ce Prêt-à-porter.

Soyons sympas, commençons par les qualités du film, qui se résument en deux mots : mise en scène et casting.

Tout d’abord, honneur au casting : Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Kim Basinger, Chiara Mastroianni, Forest Withaker, Stephen Rea, Jean-Pierre Cassel, Anouk Aimée, Rupert Everett, Rossy De Palma, Lili Taylor, Tom Novembre, Richard E. Grant, Julia Roberts, Tim Robbins, Lauren Bacall, Tracey Ullman, Linda Hunt, Danny Aiello, Jean Rochefort, Michel Blanc, François Cluzet… Entre autres. Plutôt honnête non ? Et il faut dire que, dans l’ensemble, on a rien à regretter, entre un Mastroianni espiègle, une Sophia Loren qui reste un fantasme absolu, une Basinger qui joue très bien les journalistes incompétentes, un Withaker extra en créateur un peu underground, un Stephen Rea qui joue la vedette à la Gainsbourg… Bref, que du lourd réellement capable de quelque chose.

Puis il y a quand même la mise en scène de Robert Altman, génie et maître absolu du film choral (Nashville, Un mariage, Short Cuts…) à petite tendance anarchiste à vouloir toujours peindre avec un peu d’acide le portrait d’un milieu ou d’une société. Prince de la caméra, ce n’est pas à lui qu’on apprendra à manipuler le matériel, et les plus attentifs remarqueront encore cette fois quelque mouvements de caméra digne de ce chef d’orchestre incontestable.

Où est le problème alors ? Et bien tout simplement dans le scénario. Ce n’est pas bien grave me direz-vous, dans la mesure où il y a un tel casting dirigé par Altman. Justement, c’est parce que c’est Altman qui dirige un tel casting que c’est offensant.
Altman, qui nous avait habitué à du bon et du moins bon il est vrai, mais toujours à une vision incisive, semble vouloir s’attaquer au monde de la mode avec force et violence mais, en cours de chemin, décide de stopper et de faire un petit film pour les amis acteurs avec ci et là une petite attaque mais rien de bien méchant. De grosses erreurs.

Tout d’abord le casting, certes très appétissant, est une arme à double tranchant : autant d’acteurs inutiles ! Que viennent faire les récits de Danny Aiello et de Tim Robbins et Julia Roberts ? Où est donc passée l’enquête menée par Rochefort et Blanc pour retrouver Mastroianni accusé du meurtre de Cassel ?

Le film a donc cette fâcheuse tendance de partir dans tous les sens, on ne sait trop pourquoi, et d’utiliser la plupart des acteurs à mauvais escient. On aurait préféré plus de Mastroianni, plus de Rochefort et Blanc… Plus, plus pour des acteurs qui en valent vraiment la peine. En dépit, reste quelques apparitions fulgurantes de comédiens sans doutes avides de travailler avec Altman qui n’a pu refuser.

Il y a aussi ce problème de scénario, qui n’apporte rien de neuf sur le sujet ; quand on s’appelle Altman, on a pas droit à une telle erreur. Après les démystifications dues à M.A.S.H., John McCabe ou encore The Player, on est en passe d’attendre un coup de marteau dans la façade d’un univers sombre. Au final, on en apprend plus en lisant Voici qu’en regardant ce film, qui tout au plus sous-entend que, dans la mode, tout le monde couche avec tout le monde. Où sont les dérives, la drogue, la mafia, le sexe à outrance (et pas furtif comme ici) ? Et encore, il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg, en creusant un peu on peut trouver bien plus glauque, une vraie matière à film à scandale. Je vous éviterai aussi le final, bourré de bonnes intentions mais qui semble bien fade, et surtout ce plan final inutile, presque ringard.

Un film bien mou pour un cinéaste aussi incisif habituellement, et un casting flamboyant bien mal employé ; heureusement qu’Altman s’est rattrapé par la suite, prouvant que ce souffle à sa filmographie n’était que passager…

Note : **

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