mardi 21 novembre 2006

The Player


Un des films les plus prestigieux de Robert Altman que The Player.

Il faut dire que, d’un point de vue casting, Altman ne s’est rien refusé ; dans les rôles principaux : Tim Robbins, Whoopi Goldberg, Fred Ward, Vincent D’Onofrio et Sydney Pollack ; dans les rôles furtifs : Nick Nolte, James Coburn, Jack Lemmon, Andie McDowell, Malcom McDowell, Julia Roberts, Bruce Willis, Burt Reynolds, Cher, John Cusack, Brad Davis, Peter Falk, Scott Glenn, Jeff Goldblum, Patrick Swayze, Elliott Gould, Angelica Huston, Rod Steiger… Que du lourd !

Au niveau du scénario, Altman reste dans son style habituel : une comédie noire policière avec une intrigue qui n’est là que pour servir de prétexte à une étude sociologique approfondie. Ici, c’est Hollywood que le maître attaque, Hollywood la puissante, Hollywood l’avide mais certainement pas Hollywood le pays des rêves.

Tout commence donc avec ce producteur, Griffin Mill, qui reçoit de plus en plus de lettres de menaces. Décidé à stopper tout cela, il tue accidentellement un scénariste qu’il pense être l’auteur de ces menaces, sauf que ce n’est pas le cas…

Comme le dit Altman indirectement dans son film, le cinéma actuel ne doit pas ressembler à la réalité mais à un rêve : il doit y avoir du sexe, de l’action et un happy-end ; autant d’éléments qui viennent s’installer dans The Player… Car c’est là qu’on sent qu’Altman a pris son pied, à jouer les paradoxes entre fiction et réalité (ceux qui ont vu le film et sa fin comprendront ce que je veux dire…) si bien qu’on fini par ne plus savoir si ce à quoi on assiste est possible ou non…

The Player, c’est aussi l’hommage d’Altman au cinéma et aux films qui l’ont marqué : ainsi parle-t-on de La soif du mal, Sunset Boulevard, Un thé au Sahara, Casablanca, les films des années 40… tout comme ces cinéastes mythiques de John Huston à Frank Capra, d’Alfred Hitchcock à Orson Welles… A noter qu’Altman s’adapte aussi à ce qu’il énonce, exemple avec cette sublime scène d’introduction : alors que deux hommes parlent du plan d’ouverture de La soif du mal d’Orson Welles, un plan-séquence de six minutes essentiel au film, Altman fait de même en installant son décor et son récit dans une séquence d’ouverture de huit minutes, usant du même stratagème qu’Hitchcock dans La corde pour garder une cohérence de plans.

Ce qui est remarquable aussi, c’est le nombre de métaphores du film : un poisson mort se fait bouffer par des petits dans un étang du cimetière ; le bureau de Mill est décoré d’affiches de films au titre tel que Highly Dangerous ; Mill joue, peu de temps après la mort du scénariste, avec un requin en plastique appartenant à la veuve de l’écrivain, laquelle fascine Mill ; quand ils prennent un bain de boue, le genou de la veuve sort de la baignoire tel un cadavre sortant de la terre, et c’est à ce moment-là que Mill qui pensais être tranquille voit les ennuis revenir à la vie, les apparitions très courtes des vedettes pour souligner la situation éphémère de leur statut et de leur gloire… Ceci sont des exemples parmi tant d’autres, sans tenir compte d’un final satirique et ironique à souhait.

Bien sûr, il convient de souligner la qualité des acteurs et de la mise en scène de Robert Altman, lequel sera récompensé ainsi que Tim Robins au Festival de Cannes en 1992…

En ce qui concerne l’attaque d’Hollywood, il faut dire que sans être particulièrement agressive elle fait très mal : alors que Mill ne mériterait rien d’autre qu’une sentence, il sort vainqueur du film et ce sont les innocents qui en souffrent : son ex-petite amie se fait virer, son rival va certainement subir le même sort avec son dernier film, Griffin Mill s’en sort blanc comme neige et par dessus le marché se tape la veuve de sa victime… Une morale acide qui dit que dans la vraie vie comme au cinéma, ce ne sont pas toujours ceux qui le mériterait qui s’en sortent…

Une véritable bombe donc, merveille cinématographique signée par ce réalisateur de génie qu’est Altman et interprété par un des plus grands castings de tous les temps : splendide !

Note : *****

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