jeudi 30 novembre 2006

Le cabinet du Dr Caligari (Das kabinett des doktor Caligari)


Au rang des maîtres de l’expressionnisme allemand, il convient de saluer Robert Wiene qui, d’un coup de Cabinet de docteur Caligari, est parvenu à hisser le mouvement à son sommet !

Rappelons un peu ce qu’est l’expressionnisme : « Issu des recherches de l’avant-garde théâtrale (Max Reinhardt) et picturale (Kokoschka, Kubin), l’expressionnisme cinématographique commence véritablement avec Le cabinet du docteur Caligari (tiens tiens !). Privilégiant une thématique fantastique ou d’horreur, ce mouvement s’est attaché à exprimer les états d’âme des personnages par le symbolisme des formes et la stylisation des décors, de la lumière (contrastes heurtés, déformations), du jeu des acteurs : Paul Wegener (Le Golem), Fritz Lang (Le docteur Mabuse), F. W. Murnau (Nosferatu le vampire), Paul Leni (Le cabinet des figures de cire) sont particulièrement représentatifs de ce courant. » (Encyclopédie Mémo Larousse, 1989) (eh oui, rien de tel que les vieux bouquins…)

L’une des grosses réussites de ce film réside dans son scénario. A mi-chemin entre le thriller et le fantastique, les scénaristes parviennent à nous perdre dans leur récit étrange, sombre, dont le final offre une possibilité d’interprétation remarquable. Est-ce que l’histoire que nous venons de voir est-elle réelle, ou tirée de l’imagination d’un fou enfermé à l’asile ? Où se cache la vérité dans ce qu’il a dit et ce qui est ? D’autant que si le fond dérange et, brouillant les pistes, nous intrigue, ce n’est pas le réalisateur qui va nous aider.

Car il faut bien admettre que ce qui frappe en premier, c’est l’aspect visuel du film. Les décors sont très travaillés, de manière à effacer la frontière entre la réalité et l’imaginaire. Mais ils ont aussi la particularité de s’intégrer parfaitement au récit puisque étant raconté par le héros, fou, tout devient difforme, disproportionné, incongru. On imagine bien un univers kafkaïen dans ce genre d’endroit, mais ça flirte pourtant plus du côté d’un Edgar Allan Poe. Sans compter que, par leur composition, les décors possèdent quelque chose d’effrayant, puisque nos repères habituels ont disparus.

Bien sûr, difficile d’apprécier la performance des acteurs puisqu’elle est surjouée. Très théâtrales, les interprétations sont satisfaisantes, mais mention quand même pour un trio : Caligari (le docteur), Cesare (le somnambule) et le héros, qui de prime abord nous paraît normal mais s’avère être fou. Ils participent, eux aussi, à rendre le film obscur, à nous empêcher de donner une vision précise de l’histoire comme étant le récit d’un dément ou d’un être sombrant dans la démence.

Une œuvre remarquable en tout point, aussi importante cinématographiquement qu’historiquement, et qui démontre que de tous les mouvements qu’à connu le cinéma, l’expressionnisme était le plus esthétique.

Note : *****

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