mardi 21 novembre 2006

M*A*S*H


Le film qui révéla au monde entier le génie satirique de Robert Altman que ce M.A.S.H.

En fait, MA.S.H. signifie Mobile Army Surgical Hospital ; nous voici donc transporté en pleine guerre de Corée où une équipe de médecins soignent comme ils peuvent les blessés. Enfin, ça c’est dans la théorie ; en réalité, Altman attaque directement l’armée et le gouvernement à travers ce film antimilitariste qui bien que situé dans le début des années 50 rappelle fortement ce début des années 70 où les Américains souffraient au Vietnam.

Il faut dire qu’Altman a eu de la chance de tomber sur ce scénario ; selon la légende pas moins de 12 cinéastes avant lui le refusèrent !

Mais voilà, Altman s’est finalement retrouvé aux commandes et avec l’aide d’une poignée d’acteurs grandioses il a marqué de son empreinte le cinéma !

Il faut dire que pour un film de guerre, on voit tout sauf de la guerre ! Et les quelques effusions de sang que nous voyons n sont jamais que des blessés au bloc opératoires. Altman ne fait pas vraiment dans le sanglant mais plutôt dans le cinglant. La véritable force du film reste donc son humour permanent et acide, disséquant les rouages d’un système militaire où finalement peu de gens aiment être. Ou plutôt si, ils aiment, car c’est le paradis des joueurs et des adultères.

Dans leurs rôles, Elliott Gould et Donald Sutherland excellent, véritables clowns n’ayant aucun bon plan dans la caboche si ce n’est pour se divertir, se débarrasser de nuisibles ou rentrer chez eux. Il faut dire que les seconds rôles les soutiennent à merveille, et la direction d’Altman reste l’une des plus intéressante du cinéma américain.

Le scénario lui a réellement mérité son Oscar, véritable bijou de réflexion sur fond d’humour : entre le micro dans la tente de « Lèvres en feu », la levée du rideau de douche, le suicide du dentiste ou le match de football final, il est impossible de garder son sérieux ; jusque dans les mots le film est jubilatoire (« Messieurs, ne vous battez plus, n’oublions pas que nous sommes dans l’armée ! », référence indirecte au Docteur Folamour de Kubrick, autre film antimilitariste où l’on pouvait entendre Peter Sellers dire « Messieurs, on ne se bat pas dans la Salle de guerre ! ») ; le reste du temps, Altman attaque le racisme (l’interdiction de civils, même bébés, dans l’hôpital américain du Japon), le fanatisme et le rejet des responsabilités de morts (le personnage de Robert Duvall, lui aussi excellent), etc. On comprend dès lors un peu mieux pourquoi le film fut interdit de projection dans les camps militaires malgré toutes ses récompenses (Palme d’Or, 5 nominations aux Oscars dont Meilleur film…)

Au niveau de la réalisation, Altman est et reste brillant, réalisant un presque sans fautes dans sa mie e scène ; on regrettera juste un peu une meilleure photographie pour la séquence de nuit un peu trop sombre, même remasterisée pour le DVD…

Un immense chef-d’œuvre donc, le premier d’une longue série pour Altman, qui entrait voici 35 ans dans l’univers des cinéastes de légende ; aucun regret.

Note : *****

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