mercredi 28 novembre 2007

Miami Vice


L’adaptation de séries télévisées sur grand écran n’est plus une mode, c’est carrément devenu un genre. Entre le meilleur (Mission : Impossible de De Palma), le pire (Shérif fais-moi peur) et l’effrayant à venir (Amicalement vôtre ?!), difficile de se prononcer. Même ici, avec Michael Mann aux commandes, on était en proie à des doutes concernant sa propre série des années 80 !

Heureusement, les doutes sont bien vite dissipés : Mann impose à nouveau son style froid, implacable, stylisé, efficace. Pas de perte de temps, l’histoire commence déjà par une scène de boîte de nuit où la tension est palpable. Et autant dire que Colin Farrell et Jamie Foxx n’ont plus rien à voir avec Don Johnson et Philip Michael Thomas. Toujours à la pointe de la technologie, Mann réutilise la HD avec une nouvelle caméra numérique ultraperfectionnée, la Thomson Viper. Il s'est entouré de son chef opérateur, Dion Beebe, déjà présent sur Collateral. "Avec la HD, précise le réalisateur, on peut capter des nuances que la pellicule n'attrape pas...". On regrettera cependant que l’image HD contraste si fortement avec le reste du film ; en effet, si la HD permet de superbes prises de vues, la qualité n’est hélas pas (encore) aussi bonne que celle du 35 mm…

Si le ton est vite donné, il n’empêche que le film va être un brin trop long. A qui la faute ? Sans doute à un scénario bancal, trop léger pour plaire, parfois incohérent (mais qui est cette fameuse taupe ?) et surtout avec une histoire d’amour bateau (c’est le cas de le dire) entre Gong Li et Colin Farrell, où des moments sont brillants (les danses langoureuses) mais le tout un peu trop grossier pour vraiment convaincre.

On dirait d’ailleurs que Mann s’amuse à prendre tout à contre-pied : exit le Miami ensoleillé, peuplée de naïades et de palmiers, c’est le Miami nocturne qui est mis en valeur ; les scènes d’actions sont finalement rares dans ce film (même si la gunfight finale est un hommage à celle de Heat), au profit de scènes plus psychologiques, un comble pour un film dit justement d’action. La psychologie en effet, où un criminel endurci pleure par amour, où un flic cherche le chaos par vengeance pendant que son collègue vacille entre sa vie du côté de la loi et une vie de gangster.

Le mérite de Mann, en plus d’actualiser avec force sa série, est d’être parvenu à un tel résultat après tous les ennuis qu’a connu le tournage : l'irruption d'un inconnu sur le plateau, en République Dominicaine, avec un pistolet à la main, qui entraîna une fusillade. Autre souci à la fin de l'année, quand Colin Farrell du être hospitalisé pour épuisement et dépendance à un médicament. Sans compter que Mann n’a pas toujours réussi à trouver des fonds pour arriver à ce qu’il voulait…

Comme toujours lors d'un de ses films, Michael Mann exige de ses comédiens une préparation physique et mentale rigoureuse. Pour devenir les policiers Sonny Crockett et Ricardo Tubbs, Colin Farrell et Jamie Foxx se soumirent à trois mois d'entraînement à Miami avec une escouade de policiers locaux et fédéraux. Session de tirs (des séances de deux heures, quatre fois par semaine), maniement des armes, mise en situation... toutes les étapes que traversent un policier ont été abordées par les différents acteurs. Lors de son entraînement, Colin Farrell du accompagner des "taupes" lors d'une transaction entre dealers. Il devait intervenir après la phase la plus délicate de la transaction là où il ne risquait rien. Mais un autre scénario s'est déroulé, un des dealers (qui était, en fait, un authentique agent fédéral) a agressé l'acteur pour tester ses réactions : "Prouve moi que tu n'es pas un flic! Enlève ta chemise et montre-moi que tu ne caches pas un micro!". L'acteur a failli craquer, mais "a réagi comme il fallait sauvant du même coup la situation", selon l'agent fédéral. Cet épisode a d'ailleurs influencé l'acteur lors d'une scène du film. Pourtant, on a parfois l’impression que les acteurs en font un peu trop, jouent les durs à la manière des gangsters des années 30 et non pas comme ceux d’aujourd’hui. Si Farrell se débrouille un peu mieux que Foxx, ils sont tous deux écrasés par la dualité fragilité/froideur de Gong Li, remarquable en femme d’affaires qui fond (un peu trop vite) pour Sonny Crockett…

Un film qui n’est donc pas un chef-d’œuvre mais qui reste remarquable en de nombreux points, notamment le travail du son et de l’image, où Mann se sert du système hollywoodien dans son propre intérêt. On est très loin de Heat c’est vrai, mais on reste dans la veine de Collateral, ce qui est loin d’être déshonorant. A voir au cinéma, pour s’en prendre plein les yeux et oreilles, et à découvrir en dvd pour apprécier l’image.

Note : ***

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