vendredi 2 novembre 2007

Une journée en enfer (Die Hard 3)


Il est de coutume d’observer que, dans une série, le troisième épisode est souvent moins bon que le second épisode : Alien, Le Parrain, Matrix, Mad Max, Desperado sont autant d’exemples connus. Cela étant, il ne faut jamais au grand jamais faire de généralité, surtout pour la saga Die Hard où c’est John McTiernan himself qui revient mettre un peu d’ordre !

A l’origine, on retrouve un scénario de Jonathan Hensleigh, intitulé Simon Says, où Zeus est une femme et dont le but est d’être la troisième séquelle de L’arme fatale. Ou comment un cambrioleur-terroriste joue avec les nerfs de la police pour braquer une réserve fédérale d’or à Manhattan (ce qui vaudra d’ailleurs à son auteur un petit moment en compagnie du FBI, lesquels se demandaient comment Hensleigh pouvait connaître autant de détails ; il les avait simplement lus dans un article du New York Times !). Finalement, on modifie un peu l’histoire et on colle l’idée à la série Die Hard, avec le retour de McTiernan qui vient de se vautrer joliment avec son Last Action Hero deux ans plus tôt. Si Bruce Willis rempile pour la troisième fois, reste à lui trouver des partenaires : c’est ainsi que Laurence Fishburne décline le rôle au profit de Samuel L. Jackson (qui s’inspirera de Malcom X pour créer son personnage) et que Sean Connery décline poliment le rôle de Simon, n’ayant vraiment pas envie de jouer un vilain aussi diabolique (ce sera David Thewlis qui sera choisi, vite remplacé par Jeremy Irons).

Ayant visiblement souligné les défauts de Die Hard 2, dont le plus important est qu’une recette ne marche qu’une fois, McTiernan s’abstient d’enfermer McLane dans un espace clos (immeuble/aéroport), de le limiter dans le temps (une nuit) et de l’isoler contre tous les bad guys ; cette fois, c’est New-York, pendant toute une journée et même une partie de la nuit, qui va servir de champ de bataille entre McLane et son adversaire, ce même McLane qui trouve en Zeus plus qu’un compagnon de route un véritable aide de camp (il résout bien plus d’énigmes que McLane lui-même). Hors de question aussi de jouer sur le sérieux (l’évasion d’un dictateur dans Die Hard 2) et donc retour au « terrorisme prétexte à un cambriolage » ; dès lors, pourquoi ne pas s’amuser un peu ? Des clins d’œil relativement discrets (les camions des terroristes sont frappés du sigle Pacific Courrier, alors que dans Die Hard c’était Atlantic Courrier) aux coups de théâtre shakespeariens (Simon est le frère d’Hans) vite tournés en dérision (Simon accorde à McLane que son frère était un sale con), McTiernan se parodie, fait référence à lui-même et ressort quelques trucs qui marchaient bien au début. Il se permets même, conscient du statut de son film, de faire ce qu’il veut (la scène torride entre Simon et sa lieutenant fut rajoutée uniquement parce que McTiernan savait qu’il obtiendrait une restriction d’âge pour son film). McTiernan plaisantin n’est cependant pas synonyme de McTiernan fainéant, loin de là : toujours aussi efficace, la mise en scène du réalisateur semble encore plus nerveuse, plus millimétrée, plus explosive qu’auparavant, le cinéaste étant devenu en quelques années une valeur sûre du cinéma d’action et du suspens.

Evidemment, le film ne serait pas ce qu’il est sans Bruce Willis, toujours aussi impeccable mais qui, pourtant, semble se faire voler la vedette par Samuel L. Jackson, dont le personnage de Zeus reste un élément-phare de sa carrière. Plus qu’une complémentarité façon buddy-movie, c’est carrément un double de McLane qui nous est proposé là, le physique en moins mais le cérébral en plus. A noter enfin que Jeremy Irons n’a rien à envier à Alan Rickman dans le genre méchant de la série, composant un Simon Grüber diabolique à souhait mais également très dans l’esprit mercenaire, sans attache même s’il ne peut s’empêcher de venger son frère alors qu’il ne l’aimait guère. La fin alternative, présente sur le dvd, permet d’ailleurs de juger un peu mieux du caractère intellectuel de Simon, trait rarement souligné dans les films d’action sauf les Die Hard justement, ou lui et McLane s’adonnent à un jeu de devinettes incroyables.

Même s’il n’atteint pas le degré de réussite de Die Hard, le sentiment de déjà-vu lui coupant l’herbe sous le pied, Die Hard 3 reste le second meilleur film de la série, justement parce qu’il propose une approche sensiblement différente de la saga tout en conservant les idées principales et, surtout, parce que le génial John McTiernan revient derrière la caméra faire preuve d’une maestria sans pareille lorsqu’il s’agit de faire exploser un magasin, inonder un aqueduc ou forcer Bruce Willis à dégommer un hélicoptère avec seulement deux balles. Yippi-kaï John !

Note : ****

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