mercredi 14 novembre 2007

Sunshine


Ce n’est pas parce qu’on est un cinéaste culte qu’on est forcément bon. Prenons Ed Wood, Max Pécas ou Russ Meyer par exemple… Allez, ne soyons pas si dur avec Danny Boyle en le comparant à ces cinéastes, malgré le carnage de Sunshine.

A la base, un scénario d’Alex Garland : « J'ai toujours eu envie d'écrire un film de science-fiction, déclare-t-il. Je voulais développer l'idée du voyage de l'homme dans l'espace et chemin faisant, de ce qu'il découvre dans son propre subconscient. J'étais à la recherche d'un sujet auquel je pouvais rattacher cette idée, lorsque j'ai lu un article qui faisait une projection de l'avenir de l'humanité en se plaçant d'un point de vue scientifique et athée. Le papier énonçait des théories sur la fin programmée du soleil et en évoquait les conséquences. L'homme a besoin de l'énergie du soleil pour survivre, et lorsque cette énergie sera épuisée, l'espèce humaine disparaîtra. Ce que je trouvais intéressant, c'était qu'on pouvait facilement spéculer sur la disparition possible de l'espèce humaine - et je me suis alors dit "et si nous avions la certitude que l'homme devait disparaître dans un très proche avenir ?" Je voulais raconter une histoire où la survie de toute la planète dépend d'un seul homme, et en évoquer les effets sur sa santé mentale. C'était le point de départ du scénario ». C’est aussi, toujours selon Garland, une lettre d’amour psychologique à la science-fiction, ainsi qu’une « histoire sur l’athéisme et la rencontre avec Dieu ». Tout un programme donc ! Un côté spirituel que ne renie pas Danny Boyle, même s’il en a une autre perception : « L'idée d'un voyage vers le soleil est formidable sur un plan visuel, mais aussi très intéressante sur un plan psychologique, explique le réalisateur. Comment réagit-on mentalement lorsqu'on se trouve en présence du créateur de l'univers qui, pour certains, revêt une dimension religieuse et spirituelle, et, pour d'autres, un concept purement scientifique ? Sachant que nous sommes tous constitués de particules d'étoiles pulvérisées, quelle serait notre réaction si nous nous rapprochions du soleil, source de vie du système solaire ? C'est très stimulant intellectuellement de soulever ce type d'interrogations ». Sans doutes l’une des raisons du choix d’un casting international : Michelle Yeoh (Malaisie), Chris Evans (Etats-Unis), Hiroyuki Sanada (Japon), Cillian Murphy (Irlande), Rose Byrne (Australie) et Cliff Curtis (Nouvelle-Zélande).

Une équipe qui s’est par ailleurs investie : s’étant dans un premier temps documenté auprès de la NASA, les comédiens se sont également rendus dans un sous marin nucléaire pour se rendre compte de l'ambiance qui pouvait régner dans un espace confiné. Ils n’ont pas non plus hésité à payer de leurs personnes pour les effets spéciaux, assez physiques en général, comme cette scène où Cliff Curtis a du se boucher les narines et les oreilles avec du coton pour éviter des complications avec une tempête de poussière se formant autour de lui.

Un film pavé de bonnes intentions donc. Dommage que le résultat final ne soit pas à la hauteur des promesses : Sunshine est un sérieux échec, ni plus, ni moins.

Le gros problème se tient sans doute dans le scénario : d’une part invraisemblable quant à certains éléments, il contient en plus des longueurs qui ne semblent plus en finir une série d’incohérences toutes plus énormes les unes que les autres, dont les plus belles reste sans doute celles où apparaît le survivant de la première mission : quid de son utilité si ce n’est transformer le film en pseudo thriller ? On ne comprend pas comment il survit, ni pourquoi il fait tout ça, et encore moins son utilité au récit (sauf peut-être tirer en longueur un scénario digne d’un court métrage). L’absence d’humour et les données scientifiques pas toujours exactes plombent un peu plus un récit monotone, où les quelques moments d’action rappellent furieusement du déjà vu dans des films catastrophes (sacrifice d’un tel, mort accidentelle de l’autre…). Ce qui aurait pu s’apparenter à un voyage métaphysique dans la lignée d’un 2001 : l’odyssée de l’espace dont Sunshine semble se proclamer élève ne devient alors en réalité qu’un film de science-fiction basique et sans grand intérêt.

On pourra sans doute sauver les effets spéciaux, en disant qu’ils sont dans l’ensemble très réussis, et que la mise en scène de Boyle contient parfois de jolis (mais pas grands) moments. Ce sera une bien maigre consolation en se disant que pour le reste, rien ne vaut le déplacement, pas même les acteurs dont aucun ne parvient à se hisser à un niveau acceptable plus de 10 minutes. Il y a bien quelque chose dans le regard de Cilian Murphy, ou dans l’esprit trouble de Michelle Yeoh qui suscite notre curiosité, mais en vain puisque tout cela s’estompe très vite.

Cuisant échec de la part du réalisateur de Trainspotting, qui malgré une idée prometteuse et un début relativement sympa, s’enferme dans une histoire sans vie, sans suspens, dont les rebondissements incessants et idiots ne sauvent pas le spectateur de l’ennui le plus ferme. Navrant.

Note : *

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