vendredi 6 janvier 2006

L'homme qui rétrécit (The incredible shrinking man)


Quand cinémas d’aventures, fantastique et philosophique se réunissent, ça donne L’homme qui rétrécit.

Le thème, c’est le danger du nucléaire, du radioactif et de ses conséquences. C’est ainsi que notre pauvre héros va, malgré lui, subir la contamination d’un nuage radioactif et voir sa taille diminuer au fil du temps, au point d’approcher le microscopique et de changer d’univers. Tout ce qu’il entourait et qui semblait sans danger pour ne pas dire futile devient une véritable menace de mort : un chat, une araignée, une fuie d’eau qui devient une inondation, un écart entre deux planches… autant d’éléments qui viennent poser problème à la survie de ce héros même plus haut comme trois pommes.

Il est impossible de ne pas faire le parallèle avec La métamorphose de Kafka dans cette histoire d’un homme simple, banal (un publicitaire au chômage), qui voit son univers totalement modifié sans qu’il puisse réagir, une métamorphose de son corps qui le plonge non seulement dans la dépression mais aussi dans une certaine dépendance de son entourage s’il veut survivre. En suivant les péripéties de ce pauvre gars, on pense immanquablement à Gregor Samsa et sa remise en question quant à sa place dans l’univers.

Comme Kafka brisait le style fantastique avec sa phrase « ce n’était pas un rêve », Jack Arnold étouffe aussi les ambitions d’aventures extraordinaires par une voix-off qui, d’une part, annonce la survie du personnage principal, d’autre part diminue l’impact des situations sans pour autant en supprimer la tension. L’ambition d’Arnold, ce n’est donc pas de faire un film spectacle dénué d’intérêt à peine quelques années plus tard ; ce serait plutôt de se questionner fondamentalement sur les dangers du nucléaire (nous sommes en pleine Guerre Froide) et la position de l’homme dans son monde, son évolution et le tracé qu’il fait lui-même de son destin…

Bien sûr, l’aspect fort du film, c’est à dire ses effets spéciaux, n’a pas été négligé loin de là : il restera toujours surprenant de voir que ce sont les vieux effets qui marchent le mieux et durent le plus longtemps. Ici tout est de la manipulation : rétro-projections, maquettes, animatroniques, que du fait main pour ainsi dire. Et le pire, c’est qu’on y croit ! Bon, évidemment, les effets commencent à dater au bout de 50 ans, mais on a vu bien pire dans le domaine, et en plus récent encore.

Seul bémol du film, les acteurs, pas toujours très convaincant, même si Grant Williams parvient plus d’une fois à partager ses doutes et ses peurs. De toute façon, l’aspect général du film, fond comme forme, efface rapidement les défauts, bien présents mais mineurs il est vrai, de quelques acteurs qui n’ont pas leur place là.

Un de ces bijoux méconnus du cinéma, pourtant magnifique fusion du cinéma d’action et de réflexion, où le final nous emmène plus loin que notre condition de spectateur : il ouvre une réflexion sur notre condition d’être humain. Ni plus, ni moins…

Note : *****

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