mardi 31 janvier 2006

I Vitellonni


Le film qui révéla Federico Fellini au monde entier que ce I Vitelloni.

Avec près de 50 d’avance, Fellini abordait déjà le phénomène « Tanguy » exploité récemment par Etienne Chatiliez, qui veut que les jeunes restent de plus en plus longtemps chez leurs parents, parfois même quand ils ont plus de 30 ans. Au lendemain de la Seconde Guerre, Fellini décrit donc le quotidien d’une bande d’ami, tous chômeurs, vivant chez leurs parents, totalement inutiles à la société, surnommés péjorativement les Vitellonni.

Troisième film du maestro, I Vitelloni est ce qu’on peut appeler la synthèse de deux univers radicalement différents : d’une part le néo-réalisme, dont Fellini a assimilé les caractéristiques en travaillant avec Roberto Rossellini sur Rome, ville ouverte, et l’univers fellinien qui commençait déjà à se dessiner : une partie autobiographique, quelques personnages stéréotypés à outrance (le père sévère mais qui aime son fils, le frère protecteur…) et un humour relativement décalé (comme cette course-poursuite entre les Vitelloni et les ouvriers qu’ils ont insultés sur la route, ou le caractère homosexuel de l’acteur préféré de l’écrivain du groupe).

Travaillant déjà avec Nino Rota, Fellini parvient à insuffler au film une dimension tragi-comique, où la b.o. laisse perplexe aussi, dans une mélancolie douce-amère à la fois terriblement jeune et pourtant si désespérée. Sans conteste une des partitions les plus réussies du duo.

Fellini démontre aussi une habilité déconcertante à manier la caméra, aussi à l’aise avec elle que s’il ne l’était avec une plume (en tant qu’ancien journaliste) ou un crayon (en tant qu’ancien caricaturiste). Il parvient en effet, preuve qu’il faisait déjà partie des grands, à capter l’air du temps, et à la retranscrire à l’écran sans pour autant que son film se démode avec les années. Sans doute car, dans le fond, il y a quelque chose d’humain, à la fois de drôle et de pathétique dans cette génération sans buts, sans passé et peut-être sans avenir…

On pourra apprécier les acteurs qui, à défaut d’être parfaits, restent cohérents tout au long du film, cherchant constamment la justesse. Dommage tout de même que le film ne bénéficiait pas encore de la présence d’un Mastroianni…

Fable tragi-comique et hommage à une jeunesse désabusée, comme le fut celle du maestro, I Vitelloni fait partie de ces classiques incontournables, à l’époque où Fellini était encore un cinéaste universel et, déjà, un maître du septième art.

Note : ****

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