vendredi 20 janvier 2006

Harry Potter et la coupe de feu (Harry Potter and the goblet of fire)


Quatrième volet (et accessoirement le plus abouti) de la saga Harry Potter que cet Harry Potter et la coupe de feu.

Il faut dire qu’au fil du temps, la saga va être de plus en plus sollicitée, pour voir comment on adapter des romans de 700 pages dans un film de 2h30. Et bien, pour quelqu’un qui n’a pas lu les livres, je dois admettre que cette adaptation est tout simplement brillante !

Commençons par le commencement. Il y a tout d’abord le trio d’acteurs vedettes, à savoir Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson. Si dans Harry Potter à l’école des sorciers leurs interprétations étaient, sans être péjoratif, niaises (ils n’avaient que 11 ans aussi, et n’est pas Haley Joel Osment qui veut), ils semblent gagner avec l’âge un certain talent en plus d’une maturité nécessaire à l’évolution des personnages. Si Emma Watson l’avait compris depuis Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, il s’agit cette fois de Daniel Radcliffe qui, de plus en plus surprenant, tire le film à lui seul, éclipsant presque le reste du casting pourtant prodigieux. Inversement, on pourra accuser la réalisation de consacrer, tel un Tom Cruise dans La guerre des mondes, 85% du film à montrer Harry dans tous ses états…

Il reste que Radcliffe est merveilleux, faisant presque un sans-faute. On attend donc la révélation du talent de Rupert Grint dans le prochain, vu que cette fois il nous laisse un peu sur notre faim…

Mais le vrai charme du casting réside, comme dans les autres épisodes, aux seconds rôles : outre les récurrents Alan Rickman (tantôt inquiétant tantôt hilarant, comme dans cette scène où il punit Harry et Ron en plein cours), Maggie Smith (toujours aussi flegmatique) ou Robbie Coltrane, sorte d’Hagrid version gros nounours et complètement in love ici, on découvre également de nouveaux visages très intéressants, comme celui de Stanislas Ianevski, fils spirituel de Lénine et de Raspoutine, et surtout Ralph Fiennes, choisi pour le rôle de Lord Voldemort pour lequel, visiblement, il a pris plaisir à jouer. Ce n’est pas une faute au vu de sa prestation, diabolique et sadique à souhait, aidé en plus par un maquillage qui le rend encore plus effrayant. Sans oublier Miranda Richardson, géniale en journaliste fouineuse, légère attaque en règle des paparazzis, et Brendan Gleeson, limite schizophrène et terriblement jubilatoire dans son rôle de prof dérangé. On regrettera juste que Michael Gambon qui ne parvient pas à faire oublier Richard Harris dans le rôle de Dumbledore, surjouant même par moments ce qui plombe considérablement la scène (l’inscription d’Harry dans le Torunoi…)

Autre atout majeur : l’importance des frères Weasley. Les jumeaux se mettent en effet en avant pour faire rire avec leurs pitreries. Effet non négligeable, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban étant certes réussi mais loin d’être drôle.

Ici, le choix de Mike Newell aux commandes change la donne. Certes, il y a ce quota d’effets spéciaux à respecter, histoire d’en mettre plein les mirettes au public, comme dans l’arrivée des différentes écoles à Poudlard ou le combat d’Harry contre Voldemort, sans oublier les trois épreuves du tournoi, véritables moments de bravoures et de prouesses techniques.

Mais Mike Newell, c’est surtout un réalisateur confirmé, aussi à l’aise dans la comédie tout public (Quatre mariages et un enterrement) que dans le film plus subtil (Donnie Brasco). Il sait donc ce qui plaira au plus grand nombre mais également à un public plus friand de psychologie. C’est sans doute pour cela qu’il offre la dose de spectacle nécessaire (les épreuves, la fuite durant la coupe du monde de Quidditch) mais en délaisse un peu (le tournoi de Quidditch, vite bâclé) pour s’attacher à une évolution des personnages, à leur entrée dans un monde plus « adulte » avec ses doutes (l’amitié ébranlée entre Harry et Ron) et ses petits soucis (les premiers amours, les premières jalousies…). Ce qui confère au film une touche plus humaine ; pour un film fantastique, une aubaine.

Dernier avantage de Mike Newell : il est Britannique. L’intérêt ? Harry Potter est Britannique aussi, et Poudlard se situe en Angleterre… Vu comme ça, on ne regrettera pas l’Américain Chris Colombus ni le Mexicain Alfonso Cuaron, remplacé au profit d’un style so british mettant l’accent sur l’atmosphère qui règne au sein d’une école comme Poudlard, portrait craché de certaines High School anglo-saxonne.

Le seul bémol du film, s’il s’agit bien d’un bémol (c’est selon les points de vue), c’est de cibler réellement le film sur les adolescents et les adultes. Sans nager du côté des eaux troubles du cinéma d’angoisse, Harry Potter et la coupe de feu a une certaine tendance à privilégier le sombre, les ténèbres, le Mal dans toute sa splendeur. Rien de bien méchant ou de bien effrayant mais au vu de certaines scènes (la « résurrection » de Voldemort en est le plus bel exemple) on peut comprendre pourquoi le film a reçu la mention qui l’interdisait aux enfants de moins de 10 ans dans certains pays…

Un épisode résolument adulte, sombre, abouti, à la fois détaché du reste de la série et pourtant dans sa plus pure tradition ; en un mot, le meilleur film de la saga à ce jour.

Note : ****

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