lundi 9 janvier 2006

Le cave se rebiffe


Une de ses pépites du cinéma français aux dialogues signés Audiard que ce Cave se rebiffe.

Annonçons quand même le casting, histoire de mettre l’eau à la bouche : derrière la caméra, Gilles Grangier, cinéaste oublié depuis mais qui pouvait se vanter d’avoir à son tableau des noms comme Jean Gabin, Lino Ventura, Bourvil, Louis de Funès, Bernard Blier, Jeanne Moreau, Fernandel, Paul Meurisse, Serge Reggiani, Danièle Darrieux… rien que ça. Face caméra, Bernard Blier et surtout l’immense Jean Gabin, habitué du cinéaste qu’il connaît comme sa poche. Et, last but not least, à la plume un certain Michel Audiard, qui déclarera lui-même plus tard que Le cave se rebiffe était l’un de ses films préférés.

Malgré tout le respect dû à Grangier, on regrettera quand même une mise en scène trop classique, pas assez enlevée pour illustrer cette histoire de voleurs volés ; il aurait fallu le panache d’un Verneuil pour monter ce film au panthéon des incontournables.

Mais la mise en scène est probablement la seule faiblesse du film. En effet, il est difficile de ne pas sentir la joie qu’on eu les acteurs à dire les dialogues savoureusement écrits par le génie du genre. Morceaux choisis :

« Et encore, là je parle juste question présentation, parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j’ajouterais que c’est le roi des cons ! Et encore, les rois sont à l’heure eux. »
« Un grand l’air con.
- C’est que ça court les rues les grands cons.
- Oui mais celui-là tu peux pas le louper. Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon. »
« Entre nous Dabe, une supposition, j’dis bien une supposition, que j’ai un graveur, du papier et que j’imprime pour un milliard de biftons. En admettant, c’est toujours une supposition, en admettant qu’on soit cinq sur l’affaire, ça rapporterait net combien chacun ?
- Vingt ans de placard : les bénéfices ça se divise, la réclusion ça s’additionne. »
« Pour une fois que je tiens un artiste de la Renaissance, j’ai pas envie de le paumer à cause d’une bévue ancillaire.
- Une quoi ?
- Une connerie de ta bonniche ! »

Et ainsi de suite. Difficile donc de prendre le film au sérieux, cette histoire pourtant millimétrée de faux et d’usage de faux. Dans leurs rôles, Blier et Gabin écrasent tout et tout le monde, imposant leurs charismes et leurs présences durant tout le film.

Le cave se rebiffe, ou le genre de cinéma qu’on ne verra malheureusement plus jamais : y a vraiment pas de justice…

Note : ****

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