mardi 10 août 2010

Bad Boy Bubby

Ce qui fait la beauté du cinéma, comme de nombreux autres arts j’en conviens (mais je suis cinéphile avant tout, on ne se refait pas), c’est de découvrir des œuvres dont on ne soupçonnait même pas l’existence et de les apprécier. Comme ce fut le cas pour moi avec ce Bad Boy Bubby.

Je le dis tout net : je ne connais le réalisateur, ni l’acteur, ni même le cinéma australien. La surprise était donc totale pour ce film datant quand même de 1993. Ce qui en ressort à la fin du générique, c’est qu’il s’agit avant l’heure d’un Forrest Gump un peu fauché et surtout trash : un débile malgré lui (sa mère l'ayant enfermé pendant 35 ans et en ayant fait à la fois son fils, son amant et son souffre-douleur) doit quitter son « innocence » en entrant dans le monde réel.

Il y a pas mal de clichés tout au long du film mais ce n’est pas très gênant en soi : il s’agit après tout de la vision du monde Bubby, même si parfois le cinéaste tombe dans la facilité (comme cette scène où Bubby faisant un scandale dans une cellule se voit collé avec un prisonnier baraqué et sodomite pour lui apprendre à se taire). Au-delà de ça, la réalisation est propre et sympathique, le cinéaste s’essayant parfois à quelques effets qui peuvent fonctionner sans trop de casse (pour l’anecdote, 32 directeurs photos, un par lieu de tournage, ont été engagés pour donner un côté plus « patchwork expérimental » au film).

J’émets toutefois un reproche assez fort car, à mon sens, il gâche le film. Du début à la fin, le cinéaste s’oppose farouchement à la notion de religion ; en soi, rien d’extraordinaire, chacun ses opinions et ce n’est pas le premier à faire cela. Là où ça coince, c’est quand le cinéaste impose ses idées, ne fait plus que les transmettre mais les revendique presque comme vérité absolue à travers une série de constations et de stéréotypes qui en deviennent lourdingues : ça commence calmement par la crainte du Christ qu’impose la mère à Bubby jusqu’aux salutistes se goinfrant de pizza avec l’argent de la quête aux plus problématiques discours théologiques contestataires, aux parents extrémistes et à l’accusation de la religion comme source de mal dans le monde. A nouveau je ne juge pas mais l’oppression religieuse que dénonce le cinéaste devient alors sa propre oppression sur le spectateur, ce qui finit par devenir gênant d’autant que cela n’a pas toujours lieu d’être dans le film.

C’est bien dommage je trouve, car malgré quelques longueurs en plus le film tient la route, grâce notamment à un humour noir prononcé et, surtout, un Nicholas Hope très bon dans le rôle principal, cet attardé au grand cœur mais déconnecté de la réalité. Une belle surprise au demeurant.

Note : ***

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