mercredi 21 avril 2010

Mort ou vif (The Quick and the Dead)

Wanted : Sam Raimi. Crime : être un surdoué.

Pensez donc : non content d’avoir fait une trilogie de films d’horreur culte de chez culte ou de réaliser des films de super héros dignes de ce nom, le prodige est aussi capable de réaliser des films dans des genres où on ne l’attendait pas forcément !

Faut dire que le western, en 1995, c’est un peu le désert et pas qu’au figuré ; tout au plus Clint Eastwood a-t-il, quelques années plus tôt, offert une sorte de chant du cygne du genre avec Impitoyable. Et voilà que Raimi va réussir l’improbable : réaliser un western à part et qui a pourtant bien sa place dans le genre.

Pour l’aider, un casting de rêve pour les connaisseurs : Sharon Stone et Gene Hackman en vedettes, Russel Crowe, Leonardo DiCaprio (tous deux inconnus ou presque alors), Gary Sinise et Lance Henriksen en seconds couteaux (et même pour les fans de Saw un Tobin Bell en bandit). Tous sont merveilleux, mais c’est bel et bien Gene Hackman qui l’emporte, crapule achevée et tueur sans pitié dirigeant en tyran un misérable village à la frontière mexicaine. Une performance énorme d’un acteur qui l’est tout autant.

Revenons au film en lui-même : inutile déjà de chercher un scénario, il n’y en a presque pas. Une cow-girl arrive à Redemption pour se venger du propriétaire qui a gâché sa vie, tout ça tient sur une feuille à cigarette, et ce n’est pas les problèmes existentiels de chaque personnage (la jalousie du fils, la volonté de rédemption de l’ancien bandit) qui changeront grand chose. A noter quand même que chaque personnage est parfaitement stéréotypé pour être facilement identifiable.

Chez Raimi, il faut souvent (mais pas toujours je l’accorde) chercher du côté mise en scène pour être épaté. Comme ici : film-éponge, Mort ou vif emprunte, référence, plagie et parodie à la fois les films de John Ford, Samuel Fuller et surtout Sergio Leone, en accommodant le tout à sa sauce, à cette réalisation survoltée et post-moderne, proche du dessin animé ou du comics avec en toile de fond un vrai souci de ce qui constitue la mise en scène (lumière, décors, etc.)

En résulte un film patchwork mais avec sa propre identité en profondeur, l’un des derniers grands coups d’un cinéaste aujourd’hui enfermé dans un système hollywoodien qui bride son génie underground. Espérons que Raimi revienne à ce niveau au plus vite, car c’est bel et bien là qu’il excelle, dans l’art de transfigurer ce qu’il touche en film résolument culte.

Note : ****

1 Comment:

dasola said...

Bonjour, j'étais allée voir le film à l'époque pour Sharon Stone. Après Basic Instinct en 1992 et juste avant Casino (sorti en 1996 à Paris). On ne parlait que d'elle. J'avais passé un excellent moment et pourtant les critiques (de mémoire n'ont pas été tendres). Bonne après-midi.