dimanche 4 avril 2010

Frankenstein

Ah ce charme des vieux films fantastiques de la Universal. J’ai toujours été fan personnellement, et je dois bien avouer que Frankenstein me semble l’un des fleurons de l’époque.

Evidemment, il n’y a plus rien d’effrayant dans ce film de nos jours (il date de 1931, faut pas déconner). Il ne faut pas non plus aller chercher du côté des acteurs, peu convaincants, ou d'un scénario très (trop) vite expédié, le film durant à peine plus d’une heure – à se demander d’ailleurs comment on a pu condenser l’œuvre de Mary Shelley de manière aussi compacte.

Quoiqu’il subsiste néanmoins un intérêt considérable dans le dit scénario : Frankenstein, de par sa description, se révèle être le monstre le plus intéressant car le plus ambigu : d'origine criminel (son cerveau étant celui d'un tueur), on comprend vite qu'il n'est pas l'affreux que l'on attend, puisqu’il ne tue pas par plaisir (comme L'homme invisible lavé de toute culpabilité quand il ne doit plus se regarder dans un miroir), par besoin vital (Dracula), par instinct (le loup-garou) mais seulement pour se protéger (ses meurtres n’étant que les conséquences d’agressions de la part du valet, du médecin ou des habitants du village). Cette séquence, diablement ambiguë, où il joue avec une petite fille prouve bien qu'il n'a pas conscience de ses actes. Il devient alors une créature qui met à mal notre perception de ce qui est mauvais ou non en l'homme.

Ce qui est intéressant aussi, c'est de voir la rigueur de James Whale à rendre réaliste ce qui ne l'est pas : absence de musique (fait lié à la nouveauté encore du parlant à l’époque cela dit), cadrages précis et tempo soigneusement calculé sont ainsi de mise pour s’approcher, tout en restant dans le fantastique, d’une manière de raconter naturaliste. Ca a pris un coup de vieux mais quel charme encore (très fan personnellement de l'astuce du moulin, une surimpression pour compenser la profondeur de champ qui n’était alors pas encore concrètement mise au point comme Welles l’a établie).

Frankenstein, véritable métaphore du cinéma (un assemblage d'éléments divers motivés par un signal électrique), s’inscrit donc dans une lignée de films importants dans l’histoire du cinéma (la grande époque de la Universal + le début d’une longue et fructueuse série) mais s’avère tout autant être un merveilleux moment de cinéma comme on les aime, à la fois divertissant et réflexif. Ah que c’est bon !

Note : ***

2 Comments:

Eeguab said...

Le mythe de Frankenstein qui a dévoré son propre créateur puisque la plupart des gens croient que c'est le nom du monstre est définitivement une des clés du cinéma et de l'imaginaire.La fiancée de Frankenstein du même James Whale est tout aussi intéressante.

RobbyMovies said...

La Fiancée de Frankenstein est à mon sens bien supérieur à ce premier volet. Conforté par le succès, Whale y est bien plus en liberté.

Un excellent film évoque l'oeuvre de James Whale : Gods and Monsters. Avec Ian McKellen dans le rôle du cinéaste.
http://www.robbymovies.com/2008/10/gods-and-monsters.html

Une très belle manière d'illustrer les inspirations du metteur en scène.