dimanche 6 novembre 2005

The Matrix


Une des dernières grandes révolutions cinématographiques que ce Matrix.

Attention, une révolution esthétique, parce que pour le reste…

Mais reprenons depuis le début. Je ne vais pas répéter l’histoire car maintenant, tout le monde la connaît, cette lutte entre l’Homme et la technologie à travers un Elu qui nous sauvera de la domination électronique (tiens prends ça dans les gencives Bill on a fini de se laisser dominer !!!! Euh je m’égare là…)

En 1999, sortie du film, on doit reconnaître que c’était LA claque de la fin de siècle : un style néo-futur et quasi-punk, des effets spéciaux sidérants et un scénario qui ne voulait plus divertir le spectateur mais le faire réfléchir. Il est vrai que dans le cyber-style, on avait encore rien eu de consistant à ce mettre sous la dent. Alors quoi de mieux que l’explosion démocratique d’Internet pour parler des dangers de l’ordinateur ?

Soyons réalistes, si le film tient encore le coup, ce n’est plus tant pour ses effets spéciaux mais pour son importance dans la naissance du mouvement cyberpunk, genre cinématographique déjà pantelant soit dit en passant. Dans la même veine d’un cinéma anarchiste et bouffé par les effets visuels, Fight Club reste de loin la référence absolue et semble l’être pour encore très longtemps.

Vient alors la grosse déception : le scénario. Enfin j’exagère, ce n’est pas une si grosse déception que ça. Il est très bien construit, dense et tient la route. L’ennui, c’est qu’on sent l’arnaque à plein nez ! Je m’explique : le plagiat est monnaie courante dans le cinéma, nous le savons et l’acceptons tous. Certains en ont même fait leur outil de travail. Mais là où un Tarantino reconnaît en toute amertume le pillage, les frères Wachowski se la jouent prétentieux et se targuent d’avoir tout inventé. Tout au plus ont-ils subi quelques influences et se sont-ils inspirés d’œuvres préexistantes, mais cela s’arrête là. Pourtant, à y regarder de plus près, ce n’est plus de l’inspiration mais de la copie conforme. Entre les clins d’œil amusants (Alice au pays des merveilles) et le blasphème artistique (la Bible), difficile de se prononcer – et d’apprécier. On accepte la copie conforme (Matrix n’est qu’une application cybernétique de certaines philosophies orientales comme le Yin et le Yang ainsi que d’autres philosophies grecques) mais pas le vol pur et simple d’œuvres phares comme Ghost in the shell auquel Matrix reprend les idées, la forme, le fond. Le film pille aussi le cinéma asiatique pour ses combats, profitant d’une vague de succès comme Tigre et dragon pour utiliser à outrance des scènes de combats câblées. D’une part ce n’était vraiment pas utile, d’autre part cela fait 20 ans que l’Asie faisait du boulot comme ça, et avec beaucoup plus de classe (la série des Il était une fois en Chine). Evidemment, tout cela pourra échapper (et a échappé) à une majorité du public, d’une audience d’un soir qui sitôt le film vu, sitôt oublié.

Pourtant, Matrix premier du nom est un régal, notamment pour ses acteurs qu’il ressuscite avec assez de classe ; on est très loin de grands acteurs (désolé Keanu mais tu seras jamais un génie de l’interprétation…) mais on a connu bien pire. Non le vrai charme du film, c’est son style, sa marque qui le distingue des autres : costumes qui en jettent, ambiance décontractée, aspect cool malgré le danger… Rien de tel pour séduire le jeune public.

Un peu comme La guerre des mondes, Matrix est surtout intéressant au niveaux de ses effets tant sonores que visuels : la fusillade du bâtiment est à ce propos tout à fait impressionnante. L’effet bullet-time lui était véritablement surprenant, et l’arrêté sur image accompagné d’un mouvement de caméra est devenu un incontournable dans le cinéma d’action actuel. Si on peut juger de la popularité d’un film au nombre de parodie qu’il subit, Matrix est certainement le plus grand film de son époque.

Un film plus intéressant au niveau historique qu’au niveau du contenu donc, pourtant petite perle du cinéma SF qui, s’il commence déjà à vieillir, reste un très bon moment d’action et de pseudo-réflexion.

Note : ****

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