samedi 10 septembre 2005

Marche à l'ombre


Premier film en tant que réalisateur de Michel Blanc et film culte que ce Marche à l’ombre.

L’histoire, tout le monde la connaît : François, musicos au chômage et play-boy confirmé se rend à Paris avec son pote Denis, hypocondriaque et fidèle soutien dans la déche. Magouilles et autres mésaventures sont leur lot quotidien pour s’en sortir un peu…

Tout d’abord, la réalisation : honorable sans être remarquable, Blanc montre qu’il sait comment fonctionne une caméra, sait comment on compose un plan et sait surtout qu’il ne faut jamais jouer jusqu’à l’abus des mouvements de caméra ; une mise en scène tordante et une direction d’acteur juste rende donc le film très respectable.

Vient ensuite le scénario, qui ressemble plus à une suite de gags qu’à une histoire linéaire mais qu’importe, on ne peut résister bien longtemps aux situations abracadabrantes dans lesquels se foutent les deux compagnons, entre la manche près du ciné ou les soirées africaines dans un quartier délabré et mal fréquenté, ça se suit sans se ressembler et ça on aime. Il faut dire aussi que les dialogues, signés (et ça se sent) par Blanc lui-même, sont exquis comme jamais ; c’est de la répartie choc, c’est du dialogue absurde, ça devient immédiatement culte (« j’ai du mal à parler, parce que j’ai les dents qui poussent… »).

Bien sûr, le plus haut sommet du film est ce duo improbable de Lanvin-Blanc, le grand costaud beau gosse et le petit maigrichon à la moustache plus touffue que ses restants de cheveux. Ca se complète, ça s’amuse l’un l’autre et donc ça nous amuse nous aussi. Au point de regretter, fait rare, que le film n’aie pas connu de suite. Et comme si ça ne suffisait pas, la magnifique Sophie Duez vient compléter le casting de sa sublime présence (et plastique).

Marche à l’ombre, c’est aussi le film français phare des années 80, pile-poil dans l’esprit de cette décennie pas forcément joyeuse : on a droit à du Téléphone, du Renaud et on aime. On peut également y découvrir une peinture acide d’une société égoïste, où naît le racisme, la libération des mœurs d’une partie ciblée de la population, bref la naissance d’une France actuelle qui n’a pas tellement changée en 20 ans ; qu’importe puisque Blanc dit ce qui ne va pas mais souligne surtout ce qui va, et ça ça nous fait plaisir.

Une comédie délirante donc, où cet ancien génie du Splendid reprenait son rôle de tâche ambulante avec néanmoins plus de finesse et un don évident pour la mise en scène : du cinéma populaire comme on les aime quoi.

Note : ***

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