vendredi 2 septembre 2005

La Corde (The Rope)


Un petit plaisir de génie que cette Corde.

En effet, Hitchcock faisait partie de ces cinéastes qui refusent de se limiter leur art aux bases traditionnels du cinéma ; ainsi voulait-il, à chaque film, révolutionner la technique cinématographique. Il le fera notamment dans Psychose, La mort aux trousses, Vertigo, Les oiseaux mais il le fit également avec cette Corde qui a pour particularité de n’être qu’un seul plan séquence de 1h30 !

Alors bon, en réalité, le film n’est pas composé d’un seul plan-séquence mais bien de 3 : un pour le générique (plan de la rue puis pivot de la caméra vers l’appartement) et deux au sein même de l’intrigue. N’empêche que le défi est relevé, Hitchcock ciblant exclusivement son action dans un seul lieu. L’astuce : vider l’écran des acteurs et filmer un objet qui servira de relais, ou encore se coller contre la veste noire d’un protagoniste pour s’en détacher aussitôt.

Dans les rôles principaux, deux jeunes acteurs dont l’un d’eux jouera dans L’inconnu du Nord-Express ; ce n’est pas par méchanceté mais on ne peut pas vraiment dire qu’ils soient exceptionnels. Non, là où le film se voit relever de niveau, c’est avec l’intervention du charismatique James Stewart en professeur des deux étudiants meurtrier.

Le scénario du film ? Comment deux jeunes étudiants, homosexuels (pour l’époque, une révolution !), vont se débarrasser d’un de leurs camarades et dissimuler son corps dans une malle où sera servi le buffet auquel sont convié les amis et la famille de la victime… Bon, effectivement, le scénario n’est pas des plus subtils, mais ça Hitchcock l’a bien compris et c’est pourquoi il privilégie la technique et l’atmosphère au récit : le maître installe donc une ambiance lourde, de multiples occasions pour le plus fragile des étudiants de flancher, des moments de tensions où même nous spectateurs ne savons pas si le corps va être découvert ou non… Du grand art.

On regrettera juste le manque de crédibilité des acteurs donc, et un scénario qui a tendance à vieillir, mais le challenge que constituait la réalisation, l’ambiance distillée à merveille par le génie du suspens et une association déjà splendide du couple artistique Stewart-Hitchcock font que La corde reste, dans la filmographie du cinéaste anglais, un véritable bijou de cinéphile…

Note : ****

0 Comments: