samedi 27 mars 2010

Loulou

Le film qui inaugura une nouvelle ère pour Pialat, celle de la maturité.

Dans les films à venir, on va retrouver le double cinématographique de Pialat, Gérard Depardieu, voir Pialat lui-même. Ici, ce sera Gérard, première collaboration qui se passera assez mal par ailleurs, même si les deux artistes s’entendent relativement bien. On sent encore Depardieu un peu confus, pas aussi puissant qu’il le sera dans Sous le soleil de Satan ou Le garçu par exemple. Il n’en demeure pas moins que ce monstre sacré démontre un talent indéniable à jouer les loubards ; est-ce parce qu’il l’a lui même été plus jeune ? Toujours est-il que Depardieu, tout comme Isabelle Huppert et Guy Marchand sont fantastiques. Pialat, grand directeur d’acteur.

C'est aussi un film, comme toujours, autobiographique et totalement fictif. Pialat parle de lui à la troisième personne et de manière fantasmée cette fois. Loulou a ainsi quelque chose de Nous ne vieillirons pas ensemble, en moins drôle mais avec cette même fragilité sous-jacente, une fragilité qui amène à une rupture dangereuse. Mais les deux films ne sont pas comparables : Nous ne vieillirons pas ensemble est un couple qui ne s’aime pas quand il doit s’aimer, Loulou est un couple qui s’aime quand il ne doit pas s’aimer. Dans le premier, Jean veut au fond sa liberté, le contrôle de sa vie ; dans le second le personnage de Huppert ne sait rester seule (si Loulou est absent, elle retourne près de son mari). Encore une fois, comme souvent chez Pialat, c’est de l’amour sans réellement en être. C’est un besoin de possession (la preuve avec la décision concernant le bébé de la part du personnage d’Huppert). Le seul lien que je vois avec Nous ne vieillirons pas ensemble, c’est qu’il est son complément : un milieu assez aisé dans le premier, des loubards dans le second. Dire que l’amour vache, c’est pour tous, quelle que soit la classe sociale.

C'est enfin un écho à la propre personnalité de Pialat : à vif, imparfait, passionné, fascinant et repoussant, inaccessible, et par-dessus tout instable. Pialat maîtrise chaque scène de A à Z, mais l’ensemble vacille parfois.

Film pessimiste, ou une fois encore l'idée de "couple" est très égratignée, mais film pur, sans plan inutile, et qui ne juge jamais ses personnages, ne montrant pas les causes des conséquences. En fait, on ne sait rien d'eux réellement. Comme dans la vraie vie, celle que Pialat ne pouvait supporter et qu’il parvenait paradoxalement à illustrer de manière magistrale.

Note : ****

2 Comments:

neil said...

Je connais assez peu le cinéma de Pialat. C'est tout un univers dans lequel j'ai un peu de mal à entrer. Mais pourquoi pas, le film a l'air pas mal.

Where is Waldo Wandering said...

Very thooughtful blog