Les 400 coups, l’un des premiers films de la Nouvelle Vague des Jeunes Turcs, a le mérite de placer d’entrée de jeu bon nombres de caractéristiques propres au mouvement français.
Le premier et le plus flagrant de tous est certainement le tournage en extérieur et le son direct qui l’accompagne. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une série de plans travellings ayant en commun de centrer leur attention sur la Tour Eiffel. Plus tard dans le film, et à de très nombreuses reprises, la caméra suivra Doinel et son ami dans les rues de Paris, dont les dialogues sont noyés par un flot incessant de bruits de la circulation, de pas des gens et de discussions autour d’eux. Ce type de tournage implique ici une utilisation de la lumière naturelle, c’est-à-dire celle de la rue, ce qui fait que les scènes nocturnes ne sont pas aussi nettes que dans le cinéma classique. Ce tournage est aussi la preuve du petit budget du film (tourné en 4 semaines), puisque ces extérieurs sont en réalité parsemés de véritables passants et non pas des figurants, comme en témoigne ce plan dans le métro où une vieille dame fixe la caméra pendant toute la durée du plan, mais aussi l’absence de maquillage des acteurs.
C’est aussi l’occasion pour le cinéaste d’expérimenter certains cadrages ou certains plans (notamment celui de l’attraction foraine, où la caméra est placée au milieu d’une centrifugeuse et pointée dans la direction des spectateurs pour retranscrire le point de vue de Doinel). Il y a aussi ce balayage horizontal, provoquant une ellipse puisque dans le premier plan Antoine et son ami sont d’un côté de la rue et, suite à ce balayage horizontal, se retrouvent de l’autre côté de la même rue.
Evidemment, la cinéphilie et les citations littéraires sont très claires ici : il y a d’une part le cinéma où se rend d’abord Antoine et son ami (ou ce dernier vole une photo de film, comme le fera plus tard l’enfant du rêve de Ferrand dans La nuit américaine) puis Antoine et ses parents lorsqu’ils vont voir Paris nous appartient, qu’Antoine déclare adorer. L’autre référence littéraire est évidemment Balzac, que Doinel aime tellement qu’il recopie la fin de son livre pour son devoir.
Enfin, en ce qui concerne la private joke du film, elle semblerait s’adresser à Claude Chabrol, puisque l’un des camarades de classe de Doinel porte le même nom que le cinéaste, et se fait disputer pour être trop distrait et bavard lors d’un cours ! A noter aussi la présence, en clins d’œil, de Jeanne Moreau et Jean-Claude Brialy, qui ont aidé ce film à voir le jour.
Note : ****
lundi 15 mars 2010
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1 Comment:
Pour moi une oeuvre maîtresse.J'ajoute que toute la saga Doinel(5 films dont un court)possède une vraie cohérence même si la grâce ne sera plus jamais tout à fait aussi magique.A mes yeux Truffaut se confond avec Léaud qui se confond avec Doinel.
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