jeudi 14 mai 2009

Yojimbo


C'est dingue de voir comment le western américain a influencé ce film, et comment ce film a influencé le western !

Rappel des faits : à l’époque, Akira Kurosawa est un cinéaste émérite, aussi à l’aise dans les Jidai Geki (les fresques épiques) que les Gendi Geki (films contemporains, plus sociaux). Il est aussi celui qui a permis au monde entier de découvrir le cinéma japonais avec Rashômon. Il est, surtout, le réalisateur de grosses productions comme Les sept samouraïs et Le château de l’araignée, des films compliqués à faire qui plus est de par leur imposante logistique.

Le voici donc qui s’accord un peu de répit avec un Jidai Geki pour le moins atypique : une influence manifeste du western américain, un antihéros absolu et une véritable dérision et ironie de tous les instants. C’est bien là le tour de force de Yojimbo : faire une sorte de parodie des westerns qui va inspirer justement les westerns à venir (Leone a très bien compris la manœuvre puisqu’il piquera 90% des idées de Kurosawa pour Pour une poignée de dollars). Pour être honnête, j’ai beau être un inconditionnel de Sergio Leone, je dois avouer que son film rivalise peu avec le modèle japonais…

L’humour est donc très présent : dans les réflexions de Sanjuro, dans la représentation caricaturale des méchants, tout inspire le rire ou du moins le sourire. Et quand on est en droit d’attendre des combats sanglants et violents, Kurosawa prend le spectateur à contre-pied en expédiant ces moments de violence en un coup de sabre. Ce qui confirme que l’idée de Kurosawa n’est pas tant ici de faire un divertissement sauvage qu’une comédie dissimulée dans un film de samouraïs.

Evidemment, il me paraît impossible de détacher ce film de la performance de Toshiro Mifune, véritable double cinématographique de Kurosawa (16 films quand même !) et assurément l’acteur japonais le plus connu (et le plus doué ?) toutes générations confondues. Une fois encore, il démontre tout son talent à composer un héros solitaire, qui ne manque pas de dérision, mais capable d’attirer la sympathie quoiqu’il fasse. Une fois encore donc, Akira Kurosawa transcende son acteur fétiche et lui offre un rôle en or qu’il s’accapare de manière inoubliable (il recevra d’ailleurs Coupe Voipi du meilleur acteur à la Mostra de Venise en 1961).

Yojimbo c’est… Comment dire… Un chef-d’œuvre du genre... Non, un chef d’œuvre du cinéma tout court. Voila.

Note : *****

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