lundi 11 mai 2009

L'enfance nue


Premier long métrage de Pialat, et déjà des emmerdes : le film a du mal à se monter, Claude Berri intervient, Pialat pousse ses gueulantes, Truffaut intervient, Pialat critique Truffaut, le montage initial fait 4 heures, Pialat est obligé de raccourcir, le film est un échec, Pialat dit que lui non plus n’aurait pas été voir un film si pessimiste et si mauvais… Bref, dès ses débuts, la légende Pialat était en marche !

Comme souvent avec ce genre de forte tête, l’histoire a plus retenu le cinéaste que ses films : moi-même il y a encore quelques mois d’ici ne connaissait rien à l’œuvre de Pialat mais connaissait par cœur les anecdotes de ses tournages. L’une des personnes que j’apprécie le plus est en réalité un inconditionnel de l’œuvre de Pialat. Des années que je me dis que je vais regarder ses films, et des années que je me dis « ça risque quand même d’être un peu chiant je parie… ». Eh bien je suis heureux d’avoir enfin franchi le cap !


L’enfance nue, c’est en quelque sorte un demi-frère des 400 coups de Truffaut ; bien que Pialat ait toujours clamé ne pas l’aimer, on sent nettement l’influence de la Nouvelle Vague dans son film. Mais là où Truffaut gardait des aspects « classiques » dans son film (une certaine homogénéité du récit, utilisation de la musique…), Pialat lui opte pour l’épure totale : absence de musique, absence de scènes qui serviraient de raccords entre deux autres (comme lorsque l’enfant casse la porte, se fait disputer et le plan suivant la répare avec Pépère, sans que l’on sache quelle punition il a eu et quand ils se sont réconciliés).


De l’épure narrative mais aussi une intervention très minimalisée dans le jeu des acteurs : le film se compose ainsi d’une grande majorité de plans-séquences, et on sent souvent l’improvisation de la part des comédiens qui, d’ailleurs, n’étaient pas professionnels. Et pourtant, malgré cette froideur apparente, on tombe rapidement sous le charme du film, qui exerce une fascination émotive peu commune, à la fois portrait touchant et perturbant de l’enfance délaissée.


Dommage que, parfois, à cause du non-professionnalisme des acteurs justement, et de l’absence de repères narratifs, j’ai un peu décroché du film, ce qui m’empêche de mettre la note maximale. Mais pour une première ce fut une grosse claque !


Note : ***

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