samedi 23 mai 2009

Luke la main froide (Cool Hand Luke)


Ah, les années 60 ! Années du changement, années de contestation, années de toutes les audaces, années des grands films hollywoodiens engagés !

Luke la main froide fait partie de ceux-là. A peine un an après la fin du Code Hays, dans la même période qu’un Easy Rider ou un Bonnie & Clyde, Stuart Rosenberg décide de parler des travers de l’Amérique, de sa répression judiciaire excessive, mais aussi de cette jeunesse emprunte de liberté, débarrassée de toute autorité. Le personnage de Luke est le symbole d’une jeunesse déboussolée (il détruit le matériel municipal par ennui), embourbée dans une guerre du Vietnam qui va de mal en pis. Luke cherche les réponses, et finira par les trouver dans un dialogue univoque avec Dieu dans une chapelle abandonnée. Il y a aussi le portrait d’une Amérique du sud peu évoluée, presque esclavagiste, où les prisonniers doivent nettoyer ou refaire les routes sous un soleil de plomb. Qu’importe le délit, tout le monde va dans le même panier.

Mais au-delà de la dimension sociale, Luke la main froide est un vrai film de cinéma, tour à tour drôle, dramatique, avec du suspens et beaucoup d’amertume. Rosenberg n’impose rien, il laisse filer, le temps fait son œuvre, les scènes s’étirent sans jamais être trop longues. Les moments poignants, comme la dernière retrouvaille entre Luke et sa mère, est très pudique. Rosenberg est un cinéaste comme ça, qui s’efface lui et sa caméra pour laisser ses comédiens captiver le spectateur par leurs talents.

Et quels comédiens ! Paul Newman, bien entendu, déjà star à l’époque, qui n’a pas peur d’abîmer son image, tout en retenue, le silence lourd de sens, la présence magnétique. Autour de lui, des seconds rôles appelés à devenir grands (Dennis Hopper, Harry Dean Stanton) et surtout un inoubliable George Kennedy, sorte de brute épaisse au cœur tendre.

J’aimerais pouvoir en dire tellement plus sur ce film. Mais les mots me manquent… Voyez-le vous-même, vous comprendrez.

Note : ****

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