mardi 5 mai 2009

Do the right thing


Vous connaissez Spike Lee ? Mais si voyons : la petite boule de nerf afro-américaine qui défend la communauté noire avec plus de vigueur et d’acidité que l’ammoniaque et le vinaigre réunis. L’homme au discours radical, parfois trop, qui monte sur ses grands chevaux au moindre doute de racisme (Tarantino et Eastwood en ont fait les frais). Vous voyez maintenant ? Eh bien paradoxalement, ce petit nerveux est aussi capable de réaliser des films très subtils sur la question du racisme. Et l’un des fleurons du genre est sans aucun doute Do the right thing.

Tout le récit se construit sur une photo célèbre. Il y a deux façons de répondre au racisme : par la violence ou par la non-violence. Suivre la voie de Malcom X ou celle de Martin Luther King. Plutôt que de les opposer, Spike Lee tente de voir les atouts et les limites de chacun de ces philosophies en les mettant côte à côte, comme le sont les leaders sur la dite photo. C’est bien là la force du scénario de Lee : il ne propose aucune solution, ne prend pas véritablement de parti, il expose simplement. Plus fort encore, il se demande où s'arrête le racisme : blanc-noir ou noir-noir ? Le personnage de Turturro est-il plus raciste que ce noir qui ne supporte pas les asiatiques installés dans le quartier ? Et que dire de ce jeune qui ne respecte pas un ancien de sa propre communauté ? Qui est réellement raciste : le rital qui ne veut que mettre des photos d'acteurs italo-américains sur son mur, ou le black qui ne veut voir que des afro-américains sur le mur de la pizzeria ? Celui qui impose sa musique ou celui qui veut qu'il la baisse ? Spike Lee ne défend aucun de ses personnages (voir ses face-caméra où chacun y va de ses allégations racistes envers une autre communauté, qu’elle soit blanche, juive, noire ou asiatique).

Comme pour éviter tout didactisme qui rendrait son film un peu lourd voire insupportable, le cinéaste insiste bien sur l’aspect cinématographique de son récit : un générique digne de Broadway amélioré par Public Enemies, un jeu savamment dosé sur les couleurs, un cadrage correctement étudié et une ambiance de huis-clos au sein du quartier. Un esthétisme revendiqué et un véritable recul par rapport à son sujet, voire une distanciation presque brechtienne.

Casting convaincant, forme et fond alliés et une b.o. qui colle à la perfection au film font de Do the right thing une splendide réflexion sur le racisme, ses tenants et ses aboutissants. Bien plus modéré et réfléchis que certains discours de son auteur, ce film en est son chef-d’œuvre. Ni plus, ni moins.

Note : ****

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