dimanche 26 mars 2006

Radio Days


Et un hommage supplémentaire à ce qui a bercé l’enfance de Woody Allen que ce Radio Days.

Inutile, éventé de dire que Woody Allen est, à l’image de son maître spirituel Fellini, le roi de l’introspection, de la biographie transposée à l’écran. A la différence près que là où le maestro utilisait la magie, Woody utilise l’humour et les hommages incessants. Il faut dire qu’on a eu droit à tout avec ce trublion juif : Dostoïevski, Tolstoï, Shakespeare pour les écrivains, Ingmar Bergman, Alfred Hitchcock, Orson Welles, Federico Fellini, John Cassavetes et les réalisateurs expressionnistes comme Murnau ou Lang pour les cinéastes. Littérature et cinéma, les deux moteurs de son art. Mais pourtant, Woody ne serait pas ce qu’il est s’il n’avait pas dû développer son imaginaire à travers le plus populaire des médias des années 40 : la radio.

Du moins c’est ce qu’il essaie de nous faire croire. Parce que vous le savez aussi bien que moi : avec Allen, difficile de distinguer vérité et mensonges. Cette fois encore, l’auteur mélange réalité (anecdotes sur les stars de la radio) et fiction (les mésaventures de sa muse de Mia Farrow).

Le sujet en lui-même est très louable, rendre hommage à cette merveilleuse invention qu’est la radio qui a très rapidement été supplantée par la télévision. Mais quand Woody aime, c’est pour la vie, et si par hasard ce qu’il aime peut faire un film, c’est encore mieux.

Sauf qu’à force de tenir un rythme d’un film par an, Woody a tendance à réaliser un bon film sur deux. Pas de bol, Radio Days n’est pas le bon.

Pourtant tous les ingrédients s’y trouvent : humour typiquement allenien (la famille totalement décalée), Mia Farrow au casting, un poil de non-sens hérité de Groucho Marx, des répliques au couteau capable de faire rire le pire des intellectuels coincés… Même la réalisation est de très bonne facture, à la fois digne et inventive, très souvent en mouvement avec cette petite pointe de nostalgie, perceptible grâce à cette atmosphère qui s’en dégage…

Où pèche le film alors ? Dans cet enchaînement de sketch sans doute, inégaux et pas toujours indispensable. L’exemple le plus flagrant est ce sketch de la petite file tombée dans le puit ; certes la mort de la fillette fait prendre conscience au père l’importance d’aimer son enfant, mais ce « sketch » vraiment pas drôle vient stopper le film dans son élan de bonne humeur et d’humour. Du coup, on a l’impression que le final est fade, long, sans grand intérêt en fin de compte. Voilà un dérapage qui coûte cher au reste du film.

Un plaisir de cinéaste pour Woody, qui aurait pu être un chef-d’œuvre s’il avait été mieux équilibré et s’il était resté sur un aspect tragi-comique sans vraiment l’être, comme c’est le cas pendant une heure de film ; dommage que la dernière demi-heure plombe tout…

Note : **

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