mardi 4 novembre 2008

Infernal Affairs


Au niveau du polar, Hong Kong nous a déjà servi quelques petits bijoux depuis quelques années. Pourtant, ils parviennent encore à nous surprendre avec Infernal Affairs.

Le film se pose surtout comme une analyse psychologique de deux personnages torturés, et concentre donc tout son récit sur l’enfer que vivent les personnages, n’étant que l’ombre d’eux-mêmes et ne pouvant mener une vie normale. Rien ne les oppose si ce n’est leur rôle respectifs de taupe. Un polar banal me direz-vous : eh bien non. Ici, ce sont plutôt les tourments humains qui sont mis en exergue, le film se basant en réalité sur une citation de Bouddha qui revient à dire : « Celui qui est dans l’Enfer permanent ne meurt jamais ». La perte de repères et les regrets de Tony Leung, la honte et la volonté de rédemption d’Andy Lau, comme l’illustre le plan final du film, sont bien plus exploités que les traditionnels course poursuite en voitures ou gunfights chorégraphiées.

En effet, Andrew Lau et Alan Mak ont opté pour une mise en scène distante, épurée au niveau de l’action mais fortement soignée au niveau des mouvements de caméra et de la photographie. C’est ce qui avait différencier Infernal Affairs des autres polars du genre d’ailleurs, ce calme permanent, où très peu d’actions violentes ont lieu et, lorsque c’est le cas, sont soigneusement travaillées pour éviter la censure, comme lors de la mort du commissaire ou celle du héros dans l’ascenseur. Infernal Affairs est avant tout un film cérébral, se concentrant sur la dualité de ses personnages, et n’a cure d’attirer le spectateur vers un spectacle à la John Woo par exemple. De plus, l’histoire est réellement articulée autour de quatre personnages, autrement dit les deux flics-voyous, le parrain et le commissaire, ce qui accentue un peu plus le sentiment d’isolement que vivent les deux protagonistes.

Hélas, à trop vouloir faire intello et efficace, le film perd de sa puissance. Si l’absence d’action n’est pas un frein, ce jeu du chat et de la souris ne fait plus frissonner au bout d’un moment, et la mise en scène épurée et le montage au scalpel n’aide en rie un récit parfois trouble, où il n’est pas toujours évident pour le spectateur de s’y retrouver.

Il faut dire que les interprétations sont aussi mitigées. Si Tony Leung et surtout Andy Lau sont extraordinaires, on ne peut hélas pas en dire autant de tout le monde. Le parrain et le commissaire se débrouillent bien aussi, mais les autres acteurs ne parviennent pas à effacer les tics du jeu asiatique, un brin contradictoire avec l’aspect occidental du film.

Un polar surprenant, envoûtant, intelligent, captivant, mais qui faute de ne pouvoir être accessible à tous et aux interprétations moyennes malgré le duo de choc, se voit reléguer au rang des très bons films plutôt que celui des chefs-d’œuvre. Ce n’est déjà pas si mal.

Note : ***

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