jeudi 13 novembre 2008

Starship Troopers


Adaptation d’un roman de science-fiction (que Verhoeven a avoué n’avoir jamais lu en entier), Starship Troopers apparaît quelques années après la première Guerre du Golfe comme un film antimilitariste, anti-propagandiste, bref anti-américain. Plus artistiquement, il apparaît comme un vaste champ d’expériences cinématographique où les genres se mélangent.

Le film se veut une critique des USA en ce sens qu’il met en avant – et parodie – des éléments comme le patriotisme, la soif de guerre, la hiérarchie bureaucrate opposée à la force de terrain. C’est une idée souvent avancée à laquelle je n’adhère pas totalement ; comment peut-on juger du degré d’ironie d’un film quand elle n’est pas explicite et revendiquée ? Or ici, Verhoeven ne fait jamais dans l’excès, mais dans une certaine banalité qui apparaîtra ridicule ou non au spectateur en fonction de ses valeurs personnelles. Le public européen, par exemple, pourra rire de certains messages du film, mais il est fort à parier qu’un public manquant de recul, par exemple les Etats-Unis, ne verra pas le message subversif du cinéaste. Verhoeven prétend dénoncer le « lavage de cerveau » de la jeunesse, envieuse d’un avenir meilleur, qui s’enrôle dans l’armée; l’idée n’est hélas pas toujours bien exploitée.

L’aspect le plus intéressant du film réside ailleurs. Avec cette œuvre de commande, Verhoeven semble s’amuser à mélanger les genres, à dénoncer (et là c’est de belle manière) la désinformation de temps de guerre et tout cela sans complexe. Le film emprunte donc tout autant à la science-fiction qu’à la sitcom, le film de guerre, le western et le documentaire de propagande. De la sitcom par exemple, Verhoeven retient les histoires d’amour ridicules, les amitiés brisées et tous les autres poncifs possible. Vient ensuite les parallèles avec ces grands films de guerre que sont Full Metal Jacket (la séquence d’entraînement) et Le jour le plus long (la première offensive vouée à l’échec). Du western, il retient ces vastes plaines désertiques et surtout l’offensive d’un fort qui ressemble à s’y méprendre à Alamo. Enfin, du documentaire de propagande se glisse par-ci par-là sous forme de message publicitaire du web (internet commence alors à exploser dans le monde) et joue ce qu’il y a de plus ridicule parfois en masquant hypocritement une vache se faire dévorer violemment par un insecte géant alors que des équipes télés sont envoyés sur le front et filment frontalement les morts horribles des soldats sur place.

Hélas, le niveau global des acteurs (exception faite de Michael Ironside, rôdé à ce type de rôle) ne fait pas honneur à la mise en scène de Verhoeven, et force est de constater que le film en pâtit un peu. De même, le scénario n’est pas des plus brillants, et on sent nettement que le côté subversif du film a été masqué par une succession de scènes d’action efficaces.

Dommage donc, car le film partait sur des bases solides. Il n’en reste pas moins que Starship Troopers est devenu un modèle du genre, en passe de devenir une référence, et qui a surtout donné naissance à deux suites qui n’égalent pas l’original. N’est pas Paul Verhoeven qui veut.

Note : ***

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