mercredi 26 novembre 2008

In Bruges


Ah Bruges. Son centre historique. Ses musées. Ses bières. Et maintenant, ses tueurs cinglés. Welcome In Bruges.

Le réalisateur Martin McDonagh (dont c’est le premier film) a eu l'idée du scénario à l'occasion d'un voyages dans la ville belge : « La première fois que j'ai visité Bruges il y a quatre ans, j'ai éprouvé au sujet de cette ville des sentiments contradictoires. J'ai alors imaginé deux personnages ayant chacun une vision très différente de cette cité, et je me suis mis à écrire sur eux en les mettant en scène dans différents lieux de la ville. » Un buddy movie donc, mais à la sauce british (donc humour cynique au programme), coproduit par Focus Features et avec en vedettes Colin Farrell, Ralph Fiennes et Brendan Gleeson. Un projet de bonne augure donc… Et qui a grandement répondu aux attentes qu’il pouvait susciter.

On pourra me traiter de chauvin (encore que, cette notion en Belgique est rudement mise à mal) mais quel plaisir de voir à quel point la ville de Bruges tient un rôle prépondérant dans le récit. Plus qu’un paysage, c’est un véritable personnage, qui fascine autant Ken qu’elle dégoûte Ray. Une Bruges irréelle, fantasmagorique, habitée par des symboles carrément issus de l’œuvre du peintre Bosch dont Ray et Ken admire Le jugement dernier : une manière de dire que Bruges est pour nos deux tueurs le lieu de leur jugement dernier.

Mais le film n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le croire ; il n’est pas vraiment drôle non plus. Disons plutôt qu’il se situe entre la tragédie et la comédie, les bonnes répliques chevauchant parfois les crises existentielles des personnages, en particulier Ray après un accident lors de l’exécution d’un contrat. Ce mélange des deux extrêmes est parfois déroutant, et fait parfois perdre de son intensité au film, surtout lors de la seconde partie. On regrette alors de ne pas profiter un peu des dialogues savoureux du début, et des disputes entre les deux amis pour un oui ou pour un non (heureusement, le personnage de Fiennes est toujours drôle avec sa facilité déconcertante à placer le mot « fuck » en moyenne 10 fois en une phrase ; pour anecdote le mot « fuck » sort 126 fois en 1h47, soit 1,18 fuck à la minute).

Côté casting, rien à redire, le trio de tête est vraiment intéressant : Colin Farrell en dépressif chronique (mais plus drôle que dans Cassandra’s dream), Brendan Gleeson attachant et Ralph Fiennes hilarant en boss irritable et désagréable. On notera tout de même dans les seconds rôles la présence de la mignonne Clémence Poésy et le méconnaissable Jérémie Rénier.

Film entre deux eaux, parfois trop troubles pour vraiment séduire, In Bruges reste un premier film qui a le mérite d’être original, décomplexé, divertissant et plutôt réussi. Des éléments assez rares pour se priver du plaisir de voir le film. Et d’aller visiter ce fuckin Bruges.

Note : ***

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