dimanche 23 octobre 2005

Alexandre


Le premier péplum signé Oliver Stone que cet Alexandre… Une déception !

Pourtant, tout concordait à un très bon film : grandeur et décadence d’un héros bigger than life, d’un général d’armée novateur et d’un conquérant n’ayant d’égal que les Dieux eux-mêmes… Sauf que comme souvent, Stone a dérapé et plombé un récit prometteur.

Première erreur : Colin Farrell !!! Loin de moi l’idée de critiquer cet acteur intéressant, qui s’il s’y mets plus sérieusement pourra connaître une très belle carrière ; mais cette fois, c’est sans moi. Pour profiter un maximum de son nom, on le colle le plus vite possible dans le film (vous trouvez qu’il fait ado de 16 ans à sa première apparition vous ?) et pour se la jouer « transformation ultime comme chez les vrais acteurs genre Brando ou De Niro », on le transforme en… blond ! En effet, quelle performance ! Non seulement l’effet est nul (au final, on se moque pas ml de la couleur de cheveux d’Alexandre), mais en plus ridicule, ce qu’il ne fallait vraiment pas à Farrell. En effet, Farrell est un bon acteur quand il le décide, mais pour le moment il n’est pas un acteur complet ; ainsi quelle farce de le voir simuler la colère ou la tristesse avec autant de conviction et de réalisme qu’un concombre ! Désolé les fans, mai Colin la tragédie c’est pas son rayon, du moins cela ne l’est plus à cause de l’image qu’il s’est lui-même collé de rebelle je-m’en-foutiste ; autant Tigerland lui collait à la peau, autant Phone Game restait vraisemblable autant Alexandre prouve que Farrell a ses limites. Dommage car par moments, on a tendance à y croire à son personnage, mais hélas cela tourne souvent court, un peu par la faute de Stone qui jauge mal spectacle et fresque intimiste. Pourtant, c’est dans l’intime que Farrell sauve quelque peu les meubles, dans cette passion homosexuelle qu’il vit avec Jared Leto, lui impeccable en compagnon d’enfance un peu naïf. A noter un reste de casting superbe : Val Kilmer magnifique en roi défiguré et immonde, Angelina Jolie en reine cupide et oedipienne et un Anthony Hopkins hélas trop rare et un peu inutile…

On espère dès lors un scénario intéressant… Et hop, une erreur de plus ! Si on peut apprécier que le film ne se soit pas uniquement focalisé sur des scènes de batailles dantesques, on regrettera cependant de ne pas pouvoir en profiter un petit peu plus ! Alexandre le Grand, c’était certes une personnalité trouble mais c’était surtout un formidable stratège alors zut ! Et si quelques jolis moments viennent donner au film une dimension intéressante, le tout reste gâché par le souci de Stone de proclamer « voyez comme je suis un scénariste brillant, je critique encore des tas de choses !!!! » ; on regrettera ainsi un final bâclé, sous-entendant que le pouvoir réveille chez l’homme les pires convoitises ; merci Oliver mais ça on le savait.

Heureusement Alexandre reste agréable pour certains éléments : par exemple la mythologie est respectée et joue même un rôle prépondérant dans la vie d’Alexandre : enfin un péplum qui se soucie de ça ! La scène de bataille avec les éléphants reste aussi un joli moment de bravoure, même si à un moment on tombe dans la facilité… Il faut aussi reconnaître qu’Alexandre est un des rares péplum à s’intéresser d’aussi près à l’ambiguïté des relations humaines de l’époque : syndrome oedipien entre Alexandre et sa mère, bisexualité… Le tout sans tomber dans l’excès ou le voyeurisme.

Au final, Alexandre est un film mal travaillé, trop long, mal équilibré, qui aurait pu, avec un scénariste plus doué et une réalisation moins égocentrique (Stone reste un cinéaste qui se surestime depuis son succès de Platoon et Né un 4 juillet soyons honnêtes), avoir une toute autre dimension ; un essai intéressant mais raté.

Note : *

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