mardi 11 octobre 2005

Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry)


Woody renoue avec ses thèmes de prédilection : les psys, les amours ratés… le tout dans une vision très subjective et fantasmée de l’histoire.

Premier plaisir du film, c’est bien évidemment Woody Allen lui-même ; qui d’autre que lui peut incarner sa propre personnalité ? Dans le rôle d’Harry, il n’est qu’un amant dépassé, un compagnon adultère et surtout un écrivain en panne d’inspiration. Il faut dire que ses histoires, il va les chercher dans le passé, en intégrant ses propres aventures sexuelles qui tournent au désastre – et à la franche rigolade.

Dans son ton débridé et dans son récit bourré de flash-back, Harry dans tous ses états fait un peu penser à Annie Hall ; mêmes préoccupations, même style. Ainsi, il est surprenant et hilarant de voir Harry adolescent (sous les traits du jeune Tobey MacGuire) choisir l’appartement d’un ami pour en faire une garçonnière et usurper son identité, sauf qu’après le sexe sonne à la porte la Mort qui vient le chercher ! Un quiproquo parmi des dizaines d’autres et rares sont ceux qui ne vous arrache pas au minimum un large sourire.

Il faut dire que dans le casting, Allen ne s’est rien refusé : Demi Moore, Tobey MacGuire, Robin Williams, Billy Crystal, Stanley Tucci… Avouez qu’on peut rêver pire. Et tous sont fabuleux.

Entre Robin Williams qui devient flou ou Billy Crystal qui n’est autre que la réincarnation du Diable qui vient voler sa fiancée (et qui sent le souffre), on ne peut conserver son sérieux un seul instant.

Point de vue réalisation, Woody fait dans le sobre, mais passe néanmoins à une étape rare dans ses films : les effets spéciaux. On ne s’en plaindra pas cette fois car ils sont peu nombreux et n’influent en rien le déroulement de l’histoire.

C’est surtout au niveau du scénario, magnifiquement tourné, qu’Allen explose, tout comme un final métaphorique au possible, où Allen se voit applaudir par tous les personnages qu’il a créé ainsi que par toutes les personnes qu’il a perdu, que ce soit femmes, enfant ou amis… Une manière égocentrique d’applaudir son génie, comme si Allen en regardant derrière lui et sa filmographie, se disait qu’il est temps de passer à autre chose… Ce qu’il a fait, puisque ses films suivants furent loin d’être aussi bons que ceux des années précédentes…

Un véritable moment de bonheur donc, jubilatoire de bout en bout.

Note : ****

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