samedi 8 septembre 2007

Les Simpsons : le film

Des personnages jaunes, le plus souvent grossier, avec quatre doigts, qui portent les mêmes vêtements depuis près de 18 ans, ça vous dit quelque chose ? Mais bien sûr que ce sont les Simpsons, cette famille de dingue, pardon, cette famille d’Américains moyens qui envahissent nos écrans depuis décembre 1989 et qui ont décidé, enfin, après nous avoir fait patienter plus que nécessaire, d’élargir leurs horizons et d’arriver sur grand écran !

Prévoyante, la Fox avait déjà acheté le nom de domaine "simpsonmovie.com" le 22 avril 1997, mais ce n’est pourtant qu’en 2003 qu’un script de long métrage fut enfin écrit. Enfin, façon de parler : en tout, c’est 158 versions qui ont été écrites. Pour ne pas ralentir la série toujours en cours pendant la préproduction du film, deux équipes de scénaristes travaillèrent séparément : tandis qu'une équipe s'occupait des épisodes de la saison, une autre s'attelait au script, tout en intégrant des idées proposées par la première équipe. On retrouve même, et heureusement, des noms bien connus des fans : Matt Groening, le créateur de la famille la plus célèbre d’Amérique ; Al Jean, producteur exécutif et scénariste depuis 89 ; et David Silverman, réalisateur depuis des années au sein de la série. Vu l’ampleur de l’événement, rien ne fut laisser au hasard pour garder le secret (les producteurs déchiraient eux-mêmes les scripts après les doublages), être parfait (Silverman fit refaire plus de 100 fois le monologue de Marge à sa voix officielle, Julie Kavner) et, bien entendu, faire saliver les fans (Matt Groening annonça ainsi que ans une séquence du film, on verrait Bart nu comme un ver, ce qui ne manqua pas de créer la polémique dans l’Amérique puritaine). Et c’est ainsi qu’en un mois de juillet 2007 relativement dégueulasse sortit le film d’animation le plus attendu de tous les temps, intitulé très sobrement Les Simpsons – le film (petite pensée au passage pour le Japon qui ne découvrira le film que le… 1er mars 2008 !).

La crainte était de toute évidence la suivante : est-ce que le passage de 20 minutes à 90 n’allait-il pas être raté ? Ne serait-ce pas un vulgaire épisode tiré en longueur ? Que l’on se rassure : non ! Toujours aussi décalé et irrévérencieux, le film, même s’il connaît quelques moments de flottements, ne tire jamais en longueur : nous sommes bel et bien dans un long métrage de cinéma. Pour preuve, exit le format TV et place au cinémascope, et une série de clin d’oeils destinés aux spectateurs du film en salle : Homer se demandant comment peut-on payer pour voir un truc que l’on voit gratos à la télé, Bart écrivant sur le tableau "Je ne dois pas télécharger ce film illégalement" ou encore le message à l’entrée de l’église "N’oubliez pas d’éteindre votre portable". Le ton est clair :on est là pour s’amuser mais aussi pour vivre une expérience inédite, celle des Simpsons sur un grand écran.

Techniquement, le film est très abouti : bien que majoritairement animé dans une classique 2-D, certains plans bénéficient d'un traitement en 3-D, à l'image de certains décors ou objets. La différence n'est pas gênante mais se remarque à l'oeil nu. C'est un mélange technique que Matt Groening a déjà utilisé pour sa série Futurama, autre événement attendu en long métrage, et semble être le fonctionnement des derniers épisodes. Que l’on soit dans Springfield, en Alaska ou de retour dans un Springfield apocalyptique, le dessin est tout simplement incroyable, fidèle à la série mais explorant plus encore les possibilités de l’animation à l’heure actuelle. Une preuve de plus que nous ne sommes plus devant un épisode télévisuel mais devant une production avec un budget important.

Bien sûr, si la qualité graphique est importante, elle n’a jamais été l’élément essentiel des Simpsons, lequel est et restera à jamais le scénario : références ciné à gogo, gag toutes les 1,5 secondes et message sympa tout en affichant un esprit rebelle et limite moqueur. De Schwarzeneger en Président incompétent et bien Américain (« J’ai été élu pour agir, pas pour lire ! ») au message publicitaire de la Fox glissé dans le fond de l’écran en passant par le massacre, jubilatoire, de Green Day d’entrée de jeu et les moqueries des blockbusters à la mode (Harry Crotteur et Spider-cochon), Groening et son équipe ne respectent rien ni personne, et n’hésite pas à aborder un thème délicat sous le ton de la comédie : la pollution. Parler de ce danger dans un pays comme les USA n’est pas fortuit, et même si Groening se défend d’avoir voulu donner une leçon de morale, il faut admettre que les conséquences de l’inconscience d’Homer dans le film sont pour le moins désastreuses. Les Simpsons, ou l’art et la manière d’être engagé sans réellement le montrer.

Il serait difficile pour ne pas dire impossible de répertorier et acclamer les gags du film, tant ceux-ci son nombreux et marchent dans 99,99 % des cas. Le passage du petit au grand écran de la famille la plus dingue de l’Histoire de l’animation s’est faite avec un peu de retard (qu’aurait été l’impact du film fin des années 90, à l’apogée de la série ?) mais ce n’est pas grave : l’essentiel est qu’Homer, Bart, Lisa, Marge, Maggie, Moe, Grand-Père, Ned, Wigom, Nelson et les dizaines d’autres personnages que l’on aime tant, quels que soit notre origine et notre âge, ait fini par arriver dans les salles obscures, pour notre plus grand plaisir. Ouuuuh punaise !

Note : ****

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