mardi 11 septembre 2007

Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più)


Ayant trouvé le bon filon cinématographique avec le western spaghetti, Sergio Leone accepta peu de temps après Pour une poignée de dollars l’idée de faire un nouveau film, toujours dans le but de démystifier l’Ouest américain, qu’il intitula de manière ironique Et pour quelques dollars de plus, non pas pour donner suite à son premier western mais simplement parce que les producteurs l’avaient volé au niveau des bénéfices.

N’ayant pu obtenir Lee Marvin, Leone opta pour Lee Van Cleef, alors retiré du cinéma (et en très fâcheuse posture au niveau financier) pour être l’une des deux vedettes de son film avec Clint Eastwood, désormais vedette internationale. Cette fois, le budget était bien plus important, mais toujours relativement bas par rapport à d’autres productions de l’époque ; Leone en tira cependant profit pour donner beaucoup plus de réalisme à son film.

C’est justement ce réalisme, une véritable bulle d’air en fin de compte, qui rattrape les quelques défauts de Pour une poignée de dollars : exit le village mexicain désertique, Leone n’hésite pas à nous emmener en pleine ville de l’Ouest, avec les traditionnels hôtels et saloons à côté du barbier ou du bureau de shérif. L’ambiance n’en pâtît pas pour autant, certes c’est moins oppressant que le village abandonné du premier film mais c’est pas plus mal vu la manière dont les décors sont exploités, sans compter que le village mexicain isolé sera repris à la fin du film. Un autre aspect du réalisme vient dans cette description des chasseurs de primes, que le cinéma hollywoodien a longtemps évité mais qui ont pourtant bel et bien existés.

Qui dit plus d’argent dit aussi plus d’acteurs, et si on éprouve toujours autant de plaisir, voir plus, à retrouver Eastwood et Volonte, le vrai bonheur vient de Lee Van Cleef et d’un second rôle un peu trop rare mais très connu : Klaus Kinski. Chacun est à son meilleur niveau, et si Eastwood est plus sarcastique Volonte lui est de plus en plus effrayant en bad guy défoncé à l’herbe. Du pur bonheur de le voir être aussi cruel et traître quand l’occasion se présente.

Mais le film est surtout l’occasion pour Leone d’affirmer son style et de marquer les esprits par quelques scènes inoubliables : l’affrontement enfantin entre Eastwood et Van Cleef la première fois, l’élaboration de l’attaque de la banque ou encore, cerise sur le gâteau, le duel final au son de la montre que l’on retrouvera partiellement dans Le Bon, la Brute et le Truand par la suite. Leone poursuit son analyse au scalpel d’une période plus sombre qu’il n’y parait de l’Histoire américaine, où les armes ponctuaient les discours et où la traîtrise était monnaie courante.

Passage obligé, on saluera comme il se doit la musique d’Ennio Morricone qui renforce de manière plus forte encore que précédemment les images à l’écran.

Film remarquable, suite sans vraiment l’être et nettement plus abouti que Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus asseyait définitivement Clint Eastwood et Sergio Leone comme valeurs sûres du cinéma ; cette position favorable devait leur permettre à l’un de réaliser une carrière exemplaire et à l’autre d’enchaîner les chefs-d’œuvre en continuant de souligner les travers de la société américaine. Le meilleur restait à venir.

Note : ****

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