dimanche 8 avril 2007

Blanche-Neige, la suite

23 longues années que Picha, roi du politiquement incorrect dans les dessins animés, n’avait plus donné signe de vie côté cinéma. Les amoureux de la provoc attendaient donc son retour avec impatience… Dommage que cela soit avec Blanche-Neige, la suite.

Picha, c’est un peu l’antisocial de l’animation, le rejeté, la cinquième roue du carrosse parce que Picha, c’est plutôt « nichon-caca-partouze » que « un jour mon prince viendra ». Quelques titres en vrac : Tarzoon, la honte de la jungle, Le chaînon manquant ou encore Le Big Bang. C’est d’ailleurs là son dernier film, en 1984. Déjà à l’époque, Picha est démangé par l’envie de revisiter le côté nunuche des films de Disney, et plus particulièrement cette prude et innocente Blanche-Neige. Mais comment ? Impossible de trouver un bon angle d’attaque, alors on réfléchit, on travaille pour la télévision (plusieurs spots publicitaires et séries animées ZooOlympics, ZooCup ou Les Jules… chienne de vie) pour enfin revenir sur le devant de la scène en 2007 avec Cécile de France et Jean-Paul Rouve à ses côtés pour égratigner le mythe de notre enfance. Hélas, c’est la déception.

C’est toujours rigolo de causer sexe, de voir des nains faire des doigts au Prince Charmant, chaud lapin ne pouvant trouver sa la-pine pour le soulager, Blanche-Neige étant trop innocente, la Belle au bois dormant se payant un orgasme en solitaire et Cendrillon malgré les seins qui pointent pas foutue de rester une femme après minuit. C’est rigolo mais c’est super léger, et à force ça devient lourd. C’est vrai quoi, c’est sympathique de vouloir causer poils et tétés mais à l’heure des gras American Pie, Sexy Movie ou des pubs pour Yoplait, on en a déjà vu tellement de strings, de jambes en l’air et de bouts de fesses qu’il en faut plus pour nous choquer. Même en Amérique le puritanisme a dépassé ce stade, y a qu’à voir.

Et c’est con (jeux de mot, attention) parce que le dessin est quand même nickel, n’ayant vraiment rien à envier aux grosses prods d’outre-Atlantique. L’idée des personnages est sympa aussi, ces nains verts libidineux face à la Bonne Fée plus vraiment bonne même si toujours chaude du soutif, et quelques règlements de compte avec une Belle nympho et sa Bête, le Chaperon Rouge qui sort pas sa grand méchant Loup de Mère-Grand, etc.

Le hic, définitivement, c’est que l’humour Picha des années 70-80 est resté l’humour Picha des années 70-80, sans tenir compte de l’évolution des mentalités. Il est loin le temps où une Cendrillon aux tétons qui dépassent affole les esprits, où les allusions sexuelles font rire honteusement et où les chansons causant de sodomie et de branlette font tressaillir les mères de famille : Blanche-Neige, la suite n’est même plus pour les gosses, déjà rôdés à toutes ces cochonneries et pire encore. Et comme si ça suffisait pas, c’est long, sans rythme, gras, pas drôle et surtout propose une fin dégoulinante de bonheur et de joie au Royaume des Rêves de Blanche-Neige et de son charmant Prince, dont l’angoisse de savoir s’il va dépuceler sa dame est le dernier ressort d’un dessin animé que même les nostalgiques de Mai 68 ne trouveront pas à leur goût. Même pas trash, même pas drôle, mais honteusement dépassé.

Note : *

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